Francis Sauveur(PRÉFACE)

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 Il y a dix ou douze ans grandissait dans les colléges do l'Université une génération de jeunes gens dont les plus âgés, aujourd'hui, n'ont pas trente ans révolus . C'est dire assez que tout au plus quelques- uns commencent à se faire un nom dans la science ou dans les arts. Et c'est à peine si le plus grand nombre d'entre eux touche à la limite des quinze ou vingt ans d'études laborieuses exigées, à juste titre, par la société, de ceux qui la veulent 'ou guider ou servir.
 Que de bouleversements de choses depuis ce temps éloigné où je reporte ma pensée ! mais surtout dans nos âmes que de transformations d'idées successives ! Alors les jeunesgens de cette génération ,-je puis à peine les appeler aujourd'hui des hommes, --débutaient en catholiques fer vents et convaincus dans la vie intellectuelle et morale, et leur éducation commençait .
 L'étude de la prose et de la poésie françaises, de la prose et de la poésie latines, au point de vue étroit de la langue ; quelques aperçus d'histoire dénués d'ampleur, et les plus simples éléments des sciences positives : lelle était la pre mière nourriture offerte à nos esprits . Peu à peu cependant, à la parole des mattres , les littératures anciennes et les modernes jusqu'au xviie siècle s'éclairaient pour nous de lueurs plus vives . Derrière les pages brûlantes des historiens , se déroulaient à nos yeux les grands drames de l'his toire . Et devant les conclusions implacables de la science, s'ébranlaient sourdement nos premières convictions religieuses .
 Enfin pour répondre aux interrogations ardentes de nos åmes sur l'origine, sur la raison d'être , sur le but et le jeu de notre existence, survenaient les enseignements d'une philosophie singulière, amalgame confus de tous les systèmes connus, dont le nom même est aujourd'hui tombé dans le mépris le plus mérité, et qui , ruinant d'abord sans retour l'édifice ébranlé de notre foi catholique , nous ballottait incertains et doutants des bas - fonds du matérialisme aux exagérations d'un spiritualisme outré, pour faire en définitive aboutir les plus intrépides et les plus robustes aux conclusions nuageuses et désespérées du panthéisme de Spinosa.
 Nous sortimes ainsi des bancs du collége ayant deviné l'histoire sous les résumés , soupçonné la science derrière les éléments , entrevu le domaine de l'art au delà des révélations d'une poésie toute restreinte et limitée ; et quant aux idées religieuses , dégoûtés d'un catholicisme vieilli , non moins lassés d'une philosophie vaine qui pendant vingt siècles s'était épuisée à tenter de résoudre d'insolubles problèmes, et décidés à nous retrancher dans une indifférence complète , à moins de quelque lumière qui nous vint illuminer.
 Ce fut alors que nos maitres nous dirent :
 « Nous vous avons fait apercevoir les vastes horizons ou verts à la pensée. Choisissez de la science ou de l'art . Quand vous aurez choisi , marchez dans votre voie ; et devenez aptes à prêter le secours de votre travail à la société de qui vous attendez le soutien et la sûreté de votre vie . »
 Dans ce temps - là , se fit une révolution . Un trône s'é croula . Une forme nouvelle de gouvernement se produisit, puis disparut. A ces renversements ne survécut qu'un prin cipe , acclamé on ne sait pourquoi, sinon parce qu'il était mûr, et que son heure était venue, demeuré on ne sait comment, sinon comme un principe devenu nécessaire et indispensable , mais toutefois désormais sacré , le suffruge universel.
 D'autres que moi feront de la république de 1848 le panégyrique ou la satire . Elle a manqué , dit -on , d'hommes et d'idées. A - t - elle manqué d'hommes parce qu'elle n'avait pas d'idées, ou d'idées parce qu'elle n'a pas trouvé d'hommes ? Je ne sais . Nous étions bien jeunes alors ; et de ma génération je suis un des plus jeunes . Dans nos têtes ont fermenté tour à tour bien des terreurs vaines, bien des espérances folles, espérances et terreurs d'enfants oubliées aujourd'hui comme les péripéties d'un rêve . Toujours est- il que si faible et si impuissante, et si justement engloutie qu'ait pu être la république de 1848, elle a droit de notre part à d'autres égards que le vain respect qu'on doit aux morts , puisque d'elle , et d'elle seule , nous avons recueilli comme un héritage sacré le suffrage universel.
 Ce sera le caractère distinctif et indélébile de la génération de 1848 , d'avoir vu naître ainsi le suffrage universel dans le moment qu'elle se préparail à venir chercher dans les écoles les moyens de payer à la société le tribut de son travail . Et c'est à peine si les hommes de la génération pré cédente , usés par des luttes mesquines, habitués à ne voir dans les bouleversements stériles qu'ils ont traversés que des rivalités et des revirements de partis, peuvent com prendre quelle révélation fut pour nous l'avénement de ce grand principe désormais incontesté .
 « Et , disions- nous auparavant, qu'est donc , à tout prendre, celte société que nous devons servir ? Et quelle révoltante et inique association est donc celle qui divise en deux classes l'humanité : d'un côté la foule des travailleurs , prolétaires méprisés, de l'autre le clan des oisifs, propriétaires heureux du sol où nous sommes nés ? Et les chefs de cette société sans règle , qui sont- ils exclusivement ? Ces oisifs même, intéressés au maintien d'un pacte dont ils recueillent les bénéfices sans en accepter les charges , législateurs imbéciles de qui l'ineplie n'a d'égale que dans leur corruption.
 et leur vénalité ! Servir cette société ! nous le ferions pour la trahir et la renverser , si nous savions quelle autre édifier à sa place . Mais si l'humanité marche , où va - t - elle ? et comment la diriger ? Nous ne savons rien ; nous ne croyons rien ; et les dieux de l'avenir nous sont inconnus . »
 C'est quand déjà nous nous laissions ainsi , tristes , désespérés , envahir par les alarmants symptômes de la maladie de nos pères , de la désolante maladie du doute , que nous entendimes qu'on nous disait :
 « Travaillez, réfléchissez. Cherchez sans relâche . Cherchez le principe vivificateur et la formule d'une société idéale . Et quand vous l'aurez trouvé , rien n'en pourra relarder l'application. Car, dès aujourd'hui, sans secousses , sans révolutions , sans une larme, sans une goutte de sang versées , la société va , sous votre inspiration , pouvoir se transformer lentement ; et , docile comme le navire à la maneuvre, prendre et suivre la direction du progrès , que tous ensemble , sans exception , et dans un fraternel accord , vous vous efforcerez de lui donner. De ce jour , vous êtes tous citoyens , tous électeurs , tous législateurs , tous égaux. »
 Ministres tombés de tous les pouvoirs , prétendus hommes d'État renversés par toutes les cabales ; et vous, débris haineux de tous les partis , qui dans votre cour nourrissez encore avec soin le fiel des rancunes, l'espoir d'une heure de vengeance ; tristes ambitieux , rompus à saluer tout d'abord tous les avénements ; et vous aussi , race impérissable des poltrons , qui plus tard vous ralliez par faiblesse à tous les succès , quelle voix plus éloquente et plus autorisée que n'est la mienne vous fera comprendre avec quel enthousiasme de foi nouvelle , voulant chercher , trouver et croire , nous criâmes tous , comme Polonius : De la lumière ! de la lumière ! de la lumière !
 Nous avons cherché, nous avons trouvé . Ce que nous croyons , je me réserve de le dire ici même, tout à l'heure, en temps et lieu . Il me suffit de constater tout d'abord que la religion de l'humanité , qui fut pour nos pères la conclusion et le résultat de laborieux efforts, de travaux pénibles, d'incertitudes longues et douloureuses, fut pour nous , au contraire, comme un point de départ, et la foi dans laquelle nous avons grandi .
 Nous avons vu le peuple monter au pouvoir , et s'y maintenir ; et quand je dis le peuple , je dis les riches et les pauvres , les puissants et les faibles, et ceux qui travaillent de leurs bras et ceux qui travaillent de leur intelligence.
 On nous a mis à vingt et un ans en présence d'un état de choses que nous n'avions pas fait; nous l'avons accepté, non comme un retour au passé , tel que des défenseurs maladroits ou des adversaires intéressés pous le présentaient, mais comme l'acheminement régulier vers l'avenir et comme la sanction de notre victoire. Le peuple a , selon nous , tous les droits , même celui de les abdiquer pour un temps . Ce qu'il a fait est bien fait. Et, d'ailleurs , grâce au suffrage universel , c'est lui qui propose la loi, qui la sanctionne et la modifie ; c'est lui qui prépare l'avenir ; c'est lui donc et lui seul que la science doit convaincre et l'art émouvoir.
 Surtout, que l'on ne me fasse point un reproche de cette explicite profession de foi. Les hommes sincères savent à quel point l'on fait aujourd'hui le talent d'un littérateur solidaire de sa foi politique . N'est-ce pas de la part du public une exigence bien naturelle , alors que l'on est citoyen avant d'être artiste, alors que le travailleur le plus humble el le plus obscur se réveille à de certains jours souverain juge de la prévoyance et de la moralité de ses législateurs ?
 Et prétendre à priori que, dans un temps comme le nôtre , l'art doit, par nature, rester à tout jamais étranger aux questions sociales , et s'interdire d'aborder , même au point de vue de l'émotion , les problèmes de l'avenir, je le demande aux hommes de mon âge, intelligents et convaincus, ne serait- ce pas énoncer en un mot sa déchéance et sa mort ?
 Je veux prourer qu'au contraire il y a là pour l'arı une ressource et un avenir ; et c'est pourquoi mon lecteur me pardonnera , je l'espère, de lui avoir évité , par une explication sans détours , la peine d'aller deviner au delà de mes allégations des convictions que je n'ai pas à dissimuler.
 L'art et la science s'occupent également de donner une forme aux idées . Mais la forme scientifique, qui n'est autre que celle du langage ordinaire , s'adresse directement à l'intelligence , tandis que la forme artistique , au contraire , ne s'adresse à l'intelligence que par l'intermédiaire des sens . On pourrait dire , en d'autres termes , que l'art n'arrive à produire la conviction que par la sensation et l'émotion.
 De ce que la forme artistique s'adresse à nos sens , nous pouvons conclure immédiatement qu'elle doit peindre. Elle sera donc pittoresque. Et de plus , comme l'artiste n'est pas Dieu , et qu'il lui est, par conséquent, interdit de recréer exactement les objets, faits, sentiments, pour en éveiller l'idée , force est à l'art de recourir alors à la convention . Deuxième caractère de la forme artistique : elle sera conventionnelle .
 La forme ainsi définie, il y aurait à s'occuper de traiter la question de l'idée dans les arts . Mais les éléments me manquent encore pour établir une classification de nos idées au point de vue de l'art . Admettons donc jusqu'à nouvel ordre que toutes les idées sont du domaine de l'art , et que ce domaine est universel . Seulement, observons que toute chose , —pour employer un terme assez peu philosophique, mais qui rend assez bien l'ensemble des objets, fairs, sentiments susceptibles d'éveiller en nous des idées , —peut être envisagée de deux manières bien différentes : au point de vue particulier de l'intelligence et de la conviction , ou bien au point de vue surtout de la sensibilité et de l'émotion , —au point de vue de la science et du vrai , —au point de vue de l'art et du beau.
 En présence de l'Océan , un homme se dit : Voici une grande masse d'eau tenant du sel en dissolution . Il s'y manifeste un flux, un reflux causés par l'action du soleil et de la lune sur l'ellipsoïde terrestre .
 Un autre : Cette mer immense qui , à l'horizon , se confond avec les cieux , me pénètre du sentiment de l'infini. Le bruit des flots se mêlant aux sifflements de la tempête me remplit d'une terreur formidable.
 Le premier de ces deux hommes est un savant ; l'autre un artiste .
 L'architecture, la sculpture , la peinture s'adressent au sens de la vue .
 La musique au sens de l'ouïe .
 La poésie résume tous les arts . Son action première est celle d'une mélodie qui s'exerce sur le sens de l'ouïe , comme l'action de la musique . Mais , grâce à la puissance de notre iinagination , il est également donné à la poésie de peindre , et d'éveiller en nous l'idée d'objets qui nous apparaissent alors figurés avec toute la netteté du contour, avec toutes les ressources de la couleur . En outre , je serais inmédiatement compris de tout le monde en énonçant que, sous le rapport et de la forme et de l'idée , des artistes supérieurs ont sculpté la poésie comme un marbre, que d'autres l'ont douée de toute la magie du coloris .
 Le théâtre est une branche de la poésie , participant également du bénéfice de plusieurs formes artistiques . Le roman pourrait être défini le théâtre raconté ; mais sa forme plus souple , moins exigeante , est aussi moins conventionnelle et pittoresque, par cela même qu'elle se rapproche plus du langage ordinaire . Le roman est à la limite du domaine de l'art et touche à celui de la science . Quand nous dirons : littérature , nous voudrons dire spécialement : théâtre et roman .
 Et maintenant , ces prémisses posées, je puis constater enfin à quels degrés différents de splendeur ou d'abaissement sont arrivées à notre époque les différentes formes artistiques.
 Toutefois, avant d'exprimer là-dessus ma pensée, un mot encore . Puisque je parle ici de l'art, et avec l'intention d'en parler sérieusement, je vais établir , avant tout , une distinction tendant à bien faire connaitre de quelle sorte d'art je parle , et à qui j'en parle . C'est une précaution qu'on néglige trop souvent de prendre , et qui pourtant préviendrait bien des méprises . Si vous avez suivi avec quelque assiduité les concerts du Conservatoire, et s'il vous est arrivé de répondre à qui voulait vous entraîner à Favart : —Je n'aimepas la petite musique ! A l'Exposition dernière , tout en ayant rendu pleine et entière justice à l'école de paysage , et tout en ayant pris un plaisir extrême à considérer les divers tableaux dits de genre, si vous êtes sorti vous demandant avec tristesse : —Hélas ! où est la grande peinture ?—C'est pour le mieux ; et nous pourrons nous entendre :
 Donc, je parle ici des grands arts , et j'en parle uniquement à ceux qui sont capables de saisir la nuance . Mais je devais l'indiquer avant d'énoncer, avec une conviction sincère , mon opinion sur l'état actuel des arts du dessin , opinion qui , je pense , ne saurait maintenant effrayer personne , et qui est celle-ci :
 L'architecture est un art mort, la sculpture s'en va , et la peinture ( grande peinture) disparaîtra sous peu.
 Malgré toutes mes précautions , et quelle qu'ait été l'aménité des formes dont je me suis servi , j'ai grand'peur d'avoir profondément révolté une partie de mon public . J'insiste donc.
 En fait d'architecture , je ne prétends parler que de celle qui a produit le Parlhénon , le Temple de Bacchus, la Maison carrée, la Sainte- Chapelle, la Cour du Louvre, tels qu'on les peut juger par les photographies des voyageurs , par les belles gravures de Piranesi , ou en se transportant sur les lieux mêmes.
 Il n'est ici question que de la sculpture qui nous a laissé la Polymnie, la Vénus de Milo, les Figures du tombeau de Jules II, les Curiatides de Sarrazin , les Trois Grâces,
 Il ne s'agit enfin pour moi que de la peinture de qui nous tenons la Vierge à la chaise , la Joconde, l'Antiope, les Noces de Cana, la Descente de croix , la Leçon d'anatomie, le Diogène, la Barque du Dante.
 La grande musique ne décline pas . Elle est en bonnes mains . Et dans le public , le petit nombre d'initiés fervents qui ont pris pour dieux Beethoven , Mozart , Haydn, reconnaissent avec bonheur que ces grands génies ne sont pas morts sans laisser d'héritiers ; et ils admettent quelques noms nouveaux à partager avec ces noms illustres le bénéfice de leur admiration .
 La poésie descriptive , et pour ainsi dire plastique , semble avoir épuisé toutes les ressources du monde antique et du moyen âge , et devoir suivre dans leur chute les arts du dessin qu'elle résume ; mais la poésie de sentiment, et, si je puis m'exprimer ainsi , la poésie morale a , dans ces derniers temps , fait résonner des accents dignes de l'enthousiasme de tous les siècles . Rien ne fait donc présager sa ruine.
 Le roman est une forme toule jeune encore et pleine d'avenir . Nos pères craignent toujours de se laisser aller à l'émotion qu'il leur procure . Les grands noms qu'il a révélés ne leur sont pas familiers . Mais nous autres , moins prévenus contre des gloires qui ne nous sont pas contemporaines, nous ne leur marchandons pas notre admiration . Entre tous les autres , nous savons un homme de qui nous avons lu , relu , commenté l'æuvre où brillent à toutes les pages les éclairs d'un génie shakspearien , J'ai nommé Balzac .
 Au théâtre, la même transformation qui du poëme épique a tiré le roman est peut-être en train de se faire . Et tout me fait espérer qu'une fois l'enfantement accompli , la forme régénératrice révélée , le théâtre pourra satisfaire la curiosité du public nombreux qui , chaque soir , l'interroge en foule.
 Si donc quelqu'un pouvait me croire encore assez niaisement ennemi de moi-même pour avoir dénigré de parti pris les euvres des arts du dessin contemporains , je dirais : —Non . Je constate , vous le voyez , qu'en échange de formes vieillies , l'art en retrouve d'autres plus jeunes et plus vivaces . J'admire franchement ce qui m'émeut ; et quant à l'architecture , la sculpture et la peinture (grande peinture) contemporaines qui me laissent froid , je les condamne sans remords avec la cruauté permise à qui est sincère .
 En présence de certaines formes artistiques ainsi tombées; voyant que d'autres demeurent éternelles , comme la musique; et qu'il en est , comme la poésie , qui se transforment et se fécondent , je vais chercher à me rendre compte de ces phénomènes. Et croyant, comme j'y crois , à l'humanité , au progrès éternel, c'est dans le développement même du pro grès humanitaire que j'en irai chercher les causes .
 S'il ne s'écoule pas un jour , pas une heure sans que l'humanité se rapproche du terme éloigné de sa marche, du moins n'est- il pas toujours aisé d'entrevoir ce but ni les résultats immédiats de cet incessant travail . Et le penseur qui observe , étudie celte humanité laborieuse , peut , à la rigueur, se prendre parfois à douter d'elle , ou se laisser décourager par l'apparente stérilité des efforts qu'elle doit accomplir .
 Mais après des siècles de luttes, des sueurs infinies , surgit quelque immortelle vérité ; tout à coup se produit l'enfantement de quelque principe libérateur . L'immense colosse a marché ; on l'a vu . Il a fait un pas ; on le mesure. C'en est assez : l'humanité connaît son but . Elle ne s'arrêtera pas qu'elle ne l'ait alleint .
 Et le poëte , s'il assiste à l'un de ces avénements glorieux , s'éprend pour l'humanité d'un enthousiasme ardent. Son imagination la lui personnifie comme un être vivant dont les brās travaillent , dont le cæur palpite . Il pleure sur ses malheurs ; il s'enivre de ses triomphes. Il interroge son passé pour y chercher les germes de l'avenir .
 C'est en étudiant ainsi l'humanité , c'est en la suivant d'un caur ému dans sa marche solennelle , qu'on peut enfin distinguer , à l'horizon des siècles à venir, le but où elle tend , qu'on peut se rendre compte , à certaines époques , des services rendus, pendant le cours des siècles passés , par la science et l'art. C'est en se plaçant à ce point de vue élevé, généreux , qu'on peut indiquer les efforts à tenter , les devoirs à remplir par ces deux nobles soutiens du progrès humanitaire.
 L'humanité ne doit pas chercher le bonheur , el la vertu ne l’y conduirait pas. Ne prometions pas aux hommes ce que nous serions impuissants à leur donner ; n’exigeons pas d'eux non plus des miracles qu'ils ne sauraient accomplir. Les hommes sont des hommes , non des anges ; le temps est venu de les accepter tels qu'ils sont , sans vouloir transformer leur nature ; d'autre part , le bonheur parfait est un rêve insaisissable, et il convient de renoncer à sa poursuite . Ainsi , ne disons plus aux hommes : -Soyez vertueux , vous serez heureux . Et plutôt , traduisons ces mots dangereux et vides : -vertu , bonheur, par d'autres mots qui rentrent mieux dans la mesure de nos forces , et qui aient un sens précis au point de vue social . Travail , bien- être , voilà quels sont les mots qu'il convient de prononcer aujourd'hui. Travaillez, vous aurez du pain , voilà ce qu'il faut enfin dire aux hommes. Je n'insiste pas : les gens de bonne foi surtout les jeunes gens qui me liront s'accorderont , je l'espère , avec moi sur ce point, que le bien- être de tous est le but le plus clair et le plus évident de l'humanité.
 Pourtant si quelques lecteurs ombrageux s'effrayaient, qu'ils se rassurent. Qui dit bien -être matériel dit aussi bien- être moral ou bonheur, car bien- être implique travail , et qui dit travail dit vertu . Toutes ces idées sont inséparables, tous ces mots solidaires . Pourquoi ? c'est que l'âme et le corps le sont eux -mêmes, -vérité naïve ! — Voyons ! faudra - t - il pendant longtemps encore les autoriser à s'isoler l'un de l'autre ? Que notre âme veuille donc renoncer à s'expliquer à elle- même son origine , son avenir , indéchiffrables énigmes, - à se démontrer la cause dont l'univers est l'effet ! Et qu'enfin elle se préoccupe un peu du corps , et songe à le nourrir , comme c'est après tout son devoir ! Se trouverait- elle avilie ou dédaignée , parce que l'on exige qu'elle prenne ce soin ? ou craindrait - elle de n'avoir point assez à faire ? Qu'elle aurait grand tort ! C'est une question plus grave qu'elle ne pense que de faire diner enfin tout le monde ; et pour la résoudre , ce ne sera pas trop de toutes les glorieuses ressources de la science et de l'art .
 Que la philosophie , science occulte , renonce de nos jours à la recherche de son grand @uvre ; son rôle est achevé. Que l'économie sociale , science de bien-être , commence le sien .
 Et quant à l'art , faudra - t- il regretter de ne plus voir en lui une distraction pour les heureux du monde qui auront suffisamment dîné, ou même un digestif à l'usage de ceux qui auraient dîné plus que suffisamment? Ne serait- il pas plus consolant pour nous de nous convaincre qu'il aurait un plus beau rôle et plus sérieux à se donner dès à présent , celui de contribuer pour sa part au développement du bien être , non pas aussi directement que la science, mais comme il conviendrait à sa nature : par les émotions qu'il saurait procurer et les convictions morales qu'il pourrait faire naitre ?
 La source du bienêtre , et celle d'où l'homme tire éternellement ses moyens de subsistance et les éléments de sa richesse, c'esi la nature . La nature lui fournil et le pain qu'il mange, et les fruits qu'il savoure , et les habits dont il se couvre , et les diamants dont il se pare, et le bois et la pierre dont il se bâtit des chaumières ou des palais. Mais ce n'est pas toutefois sans efforts qu'on lui peut arracher ainsi tout le nécessaire , tout le superflu . Depuis que le monde est monde, la lutte de l'homme contre la nature est engagée ; de jour en jour , l'homme devient plus ambitieux, la nature plus rebelle , et la lutte plus acharnée . Jamais, dans aucun siècle , elle ne fut plus terrible que dans le nôtre . La nature est aujourd'hui fouillée, travaillée , torturée avec une énergie féroce ; l'homme a vu en elle le trésor qu'il lui faut saisir, et , muni des armes les plus puissantes, il ne lui laisse aucun repos.
 Dirai-je ici les entrailles de la terre ouvertes , les mers desséchées , les déserts devenus ſertiles , les machines perçant les montagnes contemporaines des déluges ? Non ; d'autres l'ont dit ou le diront mieux que moi . Mais vous, esprits rebelles toujours gémissant sur les ruines du passé, ne cherchez pas bien loin la cause de cet universel sentiment du progrès qui nous tourmente , ni la source du torrent qui emporte toutes les vieilles digues : l’une et l'autre sont dans le développement inouï du progrès industriel,-non ailleurs .
 Je ne veux pas me laisser entraîner aux séductions d'un sujet si fertile ; je ne veux pas oublier que j'étudie le progrès de l'humanité dans l'intention d'y rattacher le développement même de l'art, d'y chercher les causes de ruine , ou celles de transformation de certaines formes artistiques . J'ai résumé le passé de l'humanité dans la lutte de l'homme contre la nature extérieure ; il est temps de montrer le contre - coup de cette lutte dans les arts, en embrassant parallèlement d'un coup d'æil rapide , et les phases de la lutte , et celles d'épanouissement de l'art aux grandes époques.
 Portant ma pensée sur les peuples qui se sont distingués entre tous par le développement sérieux qu'ils ont su donner à ces deux instruments de la civilisation , la science et l'art , je vois d'abord , chez les Grecs, l'homme, roi de la création , au sein de la nature . De cette nature vierge encore qui l'environne , naît pour l'homme l'idée du beau . La civilisation grandit ; toutefois l'homme reste préoccupé surtout du monde extérieur . Vivant , d'ailleurs, sous un climat heureux , il se bâtira des demeures qui seront rustiques d'abord , puis belles , plutôt qu'elles ne seront confortables, et moins faites le protéger contre les intempéries des saisons que pour ne pas déparer les beautés du paysage . Même s'il élève des temples વેà ses dieux , il voudra qu'ils soient en harmonie parfaite avec la nature . Il respecte encore celte nature ; bien loin de vouloir l'asservir el la transformer , il veut la compléter et l'embellir. Alors, merveilleux chef - d'oeuvre de l'art , s'élèvera le Parthénon . Au-dessus de ses colonnes de proportions exquises , les angles des frontons élégants se découperont sur l'azur du ciel . Nous sommes à l'âge d'or de l'architecture .
 Se considérant lui – même au sein de ses paysages animés par les monuments de l'architecture , l'homme se voit doué de toute l'élégance primitive de ses formes. Il est beau ; il conçoit l'idée de la beauté humaine. Il se couvre de vêtements amples et gracieux . Sous les portiques de ses temples, à l'ombre de ses bois sacrés , sur les rochers de ses promontoires que viennent baiser les flots de la mer, sa présence ne contrastera pas avec les beautés qui l'entourent. Ce n'est pas tout : il demande à l'art de s'inspirer de cette beauté du corps ; et l'art, fouillant le marbre, en tire l'image de l'homme ou l'image de ses dieux . Dieux antiques, vous en qui les Grecs divinisaient la forme, aussi pervers que vous étiez charmants, peuplant les mers, les montagnes et les bois , domaine respecté , vous n'avez rien de la majesté morale que nous voulons aux nôtres ; mais soyez vénérés pour avoir inspiré , dans ce temps naïf, des statues d'une idéale beauté qu'aucune époque ne retrouvera jamais !
 Mais déjà commence l'organisation laborieuse des sociétés; déjà s'engage aussi la lutte de l'homme contre la nature ; déjà s'altère la beauté du monde extérieur. Bientôt l'architecture n'aura plus un milieu si propice , ni la sculpture des modèles si purs . Elles vont décliner.
 A une autre époque d'effloraison de l'art , au moyen âge , nous verrons l'architecture lutter désespérément contre le courant qui l'emporte. Il ne lui suffit plus alors de compléter l'harmonie de la nature extérieure . Elle veut servir un dogme, exprimer une idée . Pour y arriver , elle contourne étrangement sa ſorme, cette forme architecturale , la plus exigeante, la plus artistique , mais aussi la plus muette de toutes . Les cathédrales gothiques prennent alors la disposition de la croix , et leur chevet s'incline comme la tête du Rédempteur ; on fait appel à toutes les ressources du symbole dont les conciles règlent l'usage . L'architecte est un croyant ; il est un prêtre avant d'être un artiste. Au point de vue de l'harmonie pure , éternelle , l'art a faibli. L'architecture gothique n'est que l'effort suprême d'une forme artistique s'efforçant d'exprimer des idées étrangères à son domaine : -c'est la pierre qui veut parler.
 Encore les élégantes fantaisies de la renaissance ; encore un de ces retours au passé , dernière tentative de tous les arts qui s'en vont ; encore la recherche du joli substituée auculle du beau-dernière erreur, -et l'art de Phidias sera mort.
 La sculpture suivra les mêmes errements . Au moyen âge , et sous l'influence d'un dogme qui rejette et proscrit la matière , d'un dogme aussi contraire qu'il est possible de l'être à l'art plastique , la sculpture croira donner une âme à ses types en amaigrissant la forme comme pour la faire oublier . Vaines tentatives ! Encore les dernières splendeurs d'une époque d'élégance et de faste extérieur , et la sculpture disparaitra .
 En architecture , en sculpture, les Grecs sont arrivés à dire ainsi le dernier mot de l'art . Ils n'ont pas été plus loin dans les arts du dessin . Pourquoi l'auraient - ils fait ? De leur temps, la beauté plastique, extérieure , ne se complique d'aucune autre ; leurs moyens leur suffisent, et la peinture a des ressources dont ils n'ont pas besoin .
 C'est à une époque plus avancée qu'il faut nous transporter pour assister au triomphe de l'art sous une forme nouvelle nécessitée par le déplacement du beau . Les sociétés se constituent péniblement ; l'homme a depuis longtemps engagé la lutte contre les éléments ; le travail de ses bras el celui de sa pensée ont altéré la pureté primitive de ses formes . Il n'est plus beau , mais en revanche, il est énergique et fort. Voulez- vous le type en qui se personnifie alors l'humanité vivante et agissante ? C'est un soldat ; ses cheveux sont coupés ras, sa barbe rousse et violente tombe sur l'acier d'une cuirasse ; il est debout, croisant sur le pommeau d'une longue épée deux mains revêtues de gantelets de fer . Quel sculpteur grec eût voulu de lui pour modèle d'une de ses slatues de marbre ? Lequel plutôt , devons-nous dire , eût su creuser les rides de ce front fatigué, faire luire au fond de l'æil sombre un souvenir des guerres terribles , des nuits de pillage ? Toutefois, l'homme n'est- il pas beau , beau par l'expression comme aussi par le costume, et ce costume qu'un Grec eût trouvé barbare n'encadre- t -il pas merveil leusement sa rude physionomie ?
 Plus tard encore , à une autre belle époque de l'histoire de l'arı , toujours pour les mêmes causes, et parce que l'humanité progresse, la beauté humaine devient de moins en moins extérieure , de plus en plus intellectuelle et morale . Autour d'une table de dissection , des hommes interrogent la science . Leurs physionomies graves sont tout à fait dépourvues de cette noblesse recherchée des Grecs , et dont un dernier reflet illuminait encore le visage du soldat . Mais aussi quel recueillement de l'esprit ! C'est l'éclair , non plus de la force énergique et brutale, mais de l'intelligence ardente qu'il faudrait allumer dans leurs yeux . Il appartient à la peinture seule de les vivifier ; seule elle peut aussi les costumer de leur vêtement dont l'austérité , remarquons-le bien , n'est pas encore complétement sans grâce.
 Ainsi , voyons- nous triompher la peinture et se révéler ces grands noms : Titien , Rembrandt.
 Maintenant, pour suivre jusqu'à nos jours les effets et le contre-coup du progrès dans l'art, et le déplacement de la beauté , en particulier de la beauté humaine, venez voir l'homme du xixe siècle.
 Descendons ensemble cette rue étroite , tortueuse et sombre, peuplée de laides boutiques , et de maisons toutes ne sont , aux yeux de l'artiste , que de hideuses masures . Voyez marcher devant nous, sur le trottoir boueux, un homme ; ainsi vu par derrière , ne vous semblet -il pas grotesque ? Sa tête , où la pensée pèse comme un poids , est rentrée dans les épaules et couverte d'un chapeau, coiffure baroque. Entre les rebords du chapeau et la longue redingote plissée , usée, fripée, sur le collet graisseux ressort le ruban d'un faux - col. L'habitude de croiser les jambes pendant la méditation a tire - bouchonné en spirale le pantalon , d'une couleur violente et désagréable.- Avançonsnous, pour le dépasser et l'observer à loisir ; absorbé qu'il est dans la poursuite de quelque idée abstraite , il n'aura . garde de nous voir .
 La figure est laide, même vulgaire , entourée d'un collier de barbe d'un aspect inculte . Peut- être , si vous le connaissiez, verriez- vous dans ses yeux rayonner son âme , sous le verre de ses lunettes. Mais, dites- moi, Phidias ne s'enfuirait-il pas épouvanté devant ce modèle ; et s'il le voyait ainsi , d'un geste indescriptible , absorber le tabac qui doit exciter le travail du cerveau ?
 Je suppose que vous êtes un peintre, et que je vous demande de nous retracer , au sein d'une vaste et savante composition , ces traits , cette démarche et ce costume, vous vous y refuserez, pour sûr. Vous ne voyez ici que laideur, laideur sans poésie ; en effet, vous avez raison . Cet extérieur ne saurait valoir que par compensation ou comme contraste , dans un croquis railleur ; mais la beauté n'est pas là .
 Ce que moi je puis vous dire , ce qu'aucun peintre ne pourrait traduire , c'est l'intelligence , et le cæur et la volonté , de cet homme . Sachez-le donc : lui que vous confondez avec le bourgeois le plus inepte , il a creusé profondément la science, et quelle science ! celle qui est le résumé glorieux de toutes les autres et qui traite le plus directement du bienêtre des hommes. Les hommes ses frères, ce savant les aime ; il est à toute heure préoccupé des intérêts de leur existence ; à toute heure il pèse et discute les clauses du contrat social .
 Et pour être en mesure , à toute heure , de torturer ainsi sa pensée pour la féconder, il a demandé la santé la plus robuste à la sagesse la plus austère . Au service d'une intelligence de premier ordre , il a mis un coeur d'or ; il est bon , il est affable, il est modeste, il chérit sa femme, ses enfants , il a toutes les vertus du travail .
 Mais ce n'est pas tout encore : il a conquis ainsi la force et la puissance . Jadis on le traita de visionnaire et de fou ; bêtise et la haine se sont lassées , et l'infatigable travailleur est resté debout inébranlé . Aujourd'hui, les insulteurs que n'intimident ni le génie , ni le malheur, ni la vertu , ni la gloire, sont contraints de respecter cette imposante convic tion servie par une vigoureuse éloquence . Aujourd'hui , tou jours pauvre, mais sans ambition , il traite avec les grands de puissance à puissance , et nulle séduction, nulle terreur ne peut lui faire taire la vérité quand il l'a trouvée.
 Eclairé de ce jour , l'homme est beau. Mais croyez qu'à travers les petitesses ou les grandeurs variées du monde moral , j'ai couru droit au beau, là où je l'ai cru voir, droit au travailleur, comme dans Athènes j'eusse été chercher le modèle qui pût poser pour l'Apollon , ou comme, au xvie siècle, j'eusse été vers le soldat . Au - dessous de ce type resplendissant, dans l'échelle de la beauté morale, soyez-en bien assurés , nous trouverons aisément, à des degrés inférieurs, d'abord les beautés moins vigoureuses et pures, le cour, l'intelligence , la volonté moins unies en un ensemble harmonieux ; plus bas enfin , les contrastes et les repoussoirs : faiblesse, ignorance, égoïsme.
 Mais toujours , beauté c'est vertu , laideur c'est vice . Le statuaire dépose ici son ciseau, le peintre sa palette . Ce n'est pas trop de tous les moyens dont la poésie , dont la littérature disposent pour dégager le beau de son enveloppe, après qu'on en a résolument suivi la trace sur un terrain nouveau . Par exemple, vienne un artiste qui des fracs ou des blouses, des panaches ou des casquettes en loques, de la soie ou de la bure, des fleurs ou des guenilles, habille ou déshabille les sentiments et les caractères : fierté, plalitude , intelligence, crétinisme, amour sublime , prostitution vénale , celui- là sera le peintre , le Titien et le Rembrandt de son époque, -Balzac !
 Voyez autour de l'homme tous les aspects extérieurs se modifier de même, toutes les beautés plastiques , extérieures , devenir intérieures et morales.
 Où serait aujourd'hui la femme qui pourrait inspirer la Polymnie, la Diane à la Biche, la Vénus de Milo ? Devenne d'abord la Joconde, la femme aujourd'hui s'appelle Valentine, Marianna, Eugénie Grandet.Les arts plastiques la prendrontils pour modèle ? vêtue , elle est difforme, et nue, n'étant plus belle , elle inspire des ouvres qui ne sont plus chastes .
 La femme est belle encore , mais par la fierté, par l'in. struction , par le sentiment, par la pudeur.
 Voyez enfin la nature . Loin des contrées où grandit la civilisation , elle peut encore offrir des beautés dignes d'exercer le pinceau des paysagistes ; mais partout où l'homme travaille , fertilisée, ensemencée ; ailleurs, nue , dépouillée , peuplée des ateliers de l'industrie , noircie par une fumée lugubre , la nature en deuil pleure sa verdure et sa beauté .
 Les villes ne sont pas plus belles , et l'æil de l'artiste , s'il s'est voué à la recherche des beautés extérieures , s'y trouve affligé par un nombre plus déplorable encore de laideurs utiles .
 Toutefois, je veux être sincère . Au sein des grandes villes , où se sont réunis tous les efforts de l'industrie , où le 'progrès matériel a pris les développements les plus sérieux et les plus larges, j'ai parfois été saisi d'une admiration involontaire en présence d'une certaine grandeur dans les résultats de la lutte de l'homme contre la nalure, retrouvant presque ainsi l'émotion du beau .
 Serait-il donc réservé plus tard à l'humanité de confondre l'utile et le beau , de transformer la nature , et de la retrouver alors aussi belle par la main des hommes qu'elle le fut à l'origine en sortant des mains de Dieu ? Peut-être . Les gares , les marchés, les bazars seraient alors le motif d'une architecture nouvelle en harmonie avec la nature factice que nous aurions crée . Puis la sculpture , la peinture trouveraient aussi des modèles au sein d'un monde nouveau . C'est là sans doute le secret de l'avenir. Quant à présent , c'est à peine si la physionomie de quelques rares quartiers de deux ou trois grandes villes peuvent laisser entrevoir cet avenir nouveau des arts plastiques régénérés . Si cet avenir est fondé, nous le verrons à coup sûr se dévoiler bientôt , dans un siècle de progrès fiévreux. Attendons ; et d'ici là , consolons-nous d'avoir perdu la beauté des choses extérieures par la conviction d'avoir sinon découvert , du moins étendu , agrandi le monde moral . Là , pour nous , est encore un vaste champ d'explorations artistiques.
 J'ai résolu la marche de l'humanité dans la lutte de l'homme contre la nature et dans le développement du progrès matériel , qui commande fatalement le progrès intellectuel et le progrès moral . J'ai vu l'homme transformer le monde extérieur en vue de son bien -être, se transformer Jui-même dans cette lutte . Beau jadis au milieu d'une nature vierge et belle , il est, de nos jours, laid , dans un monde extérieur fait pour l'utile et non pour le beau .
 Je conclus donc que, si le beau est éternel , immuable en son essence , il peut toutefois nous apparaître sous des aspects divers aux divers âges de l'humanité. Il est comme une contrée vaste et toule pleine d'horizons variés , où le voyageur découvre tour à tour des clairières verdoyantes, des gorges abruptes , des plaines sans limites .
 Aujourd'hui, je vois le beau tout intérieur et moral . Ayant défini la forme artistique , je me suis arrêté devant une classification à faire des idées au point de vue de l'art . Je n'en avais pas les éléments . Je les ai maintenant , et je dis :
 Les idées des objets extérieurs se laissent plus particulièrement envisager au point de vue de l'utile et du vrai , au point de vue de l'industrie et de la science .
 Les idées proprement dites , les sentiments , les faits du monde intérieur se laissent envisager aisément au point de vue du beau , au point de vue de l'art .
 Il m'est également permis à présent d'expliquer l'état d'abaissement et la chute de certaines formes artistiques , l'élernité de certaines autres on leur transformation .
 Les arts du dessin , qui s'adressent au sens de la vue, soit en s'harmonisant avec l'ensemble des objets extérieurs , soit en nous présentant l'image de ces objets, voient leur domaine diminuer de jour en jour , et luttent vainement contre l'absence de milieux ou de modèles.
 La musique est un art éternel . L'artiste s'adresse à l'ouïe ; il ne produit la sensation qu'en vue d'une émotion presque indépendante de l'intelligence , et qui n'a point à se préoccuper de ses tendances , ni de ses besoins , ni de ses revirements.
 Le rôle de la poésie en présence des progrès de l'humanité n'est pas d'une explication moins aisée . A toutes les grandes époques poétiques, elle se donne inévitablement deux rôies bien diflérents. Parmi les poëtes , les uns , poëtes descriptifs , amoureux de la forme, préoccupés des beautés phy siques remontent le cours des âges et vont puiser leurs in spirations au milieu des splendeurs extérieures d'un monde éteint ; les autres moins effrayés par l'altération du beau , se résolvent à le suivre courageusement sur le terrain qu'il se donne . Ceux-là peintres de sentiments, ou peintres de mæurs sont les plus grands et les plus éternels .
 C'est à notre époque surtout, et dans un siècle progressif comme est le nôtre que devaient mieux que jamais s'ouvrir devant l'art ces deux voies , et se révéler celte distinction de la poésie plastique et de la poésie morale .
 Les poëtes de la première de ces deux familles furent ceux qui s'appelèrent plus spécialement romantiques. Car le romantisme, qui eut la prétention de révolutionner la forme et le fond même de la poésie , ne put opérer qu'une incomplète réforme sur ces deux points . La question de forme ou de césure fut une puérilité dont il est à peu près inutile de s'occuper longuement ; il suffit d'établir que cette demirénovation de la forme suffisait à l'apparente rénovation de l'idée . Les classiques du xviie siècle ayant épuisé au bénéfice de leurs sentiments toutes les ressources du décor antique, les romantiques ne virent rien de mieux à faire que d'épuiser à leur tour tout le décor des pays où la civilisation s'est arrêtée comme l'Orient, ou celui des siècles encore pourvus d'une certaine dose de couleur apparente extérieure comme le moyen âge . Tout y passa : sables du désert, glaces du pôle , mosquées et donjons féodaux, djinns et willis, nécromanciens et sorcières , dromadaires et haquenées , sultans et reitres , yatagans et dagues de Tolède . Mais n'aurait-on pas mauvaise grâce à se moquer de ces artistes qui furent assurément convaincus dans le principe , -el plus tard assez spirituels pour se moquer d'eux-mêmes ?
 D'ailleurs on leur doit des remerciments pour avoir ainsi battu les buissons dans tout le domaine de la beauté plastique. Cette besogne faite, il n'y a plus aujourd'hui à replâtrer le moyen âge pas plus que l'antique ; et l'art doit se taire , ou franchement aborder le domaine de la beauté morale, où du reste quelques-uns de nos devanciers nous ont déjà précédés.
 Malheureusement, la foi dans le progrès de l'humanité ne fut pour tous qu'un résultat douloureux d'amers désenchantements, de croyances éteintes, de réflexions pénibles, qui semble les avoir moins consolés , encouragés, que troublés et terrifiés. Ainsi privés des axiomes fondamentaux que fournit une foi sincère et robuste , les premiers n'ont vu dans les grands sentiments naturels de l'homme qu'une perpétuelle révolte de la nature contre des lois sociales dont ils ne soupçonnèrent ni la substance ni l'impérieuse nécessité . Les seconds résumièrent trop souvent les rapports de l'homme avec les autres hommes ses frères dans une exploitation hideuse de la faiblesse par les supériorités brutales et intellectuelles . De là ces æuvres caractéristiques et sinistres , enfantées dans la sincérité, du doule, et qui raffermirent plutôt qu'elles n'ébranlèrent nos jeunes convictions : Obermann, Lelia , Rolla , le Père Goriot.
 En résumé, ce qui leur a manqué plus ou moins à tous indistinctement, ee fut une théorie féconde de la beauté morale , ou le sentiment profond de ce qu'on appelle proprement la morale dans la langue philosophique. Essayer aujourd'hui d'esquisser cette théorie, d'après les indications de notre foi humanitaire, ne sera pas considéré , je l'espère , coinme une preuve d'orgueil , ni comme un manque au respect que nous devons tous à ces grands génies qui, même tourmentés par leurs incert des, nous ont jalonné la ro te que , grâce à eux comme à leurs prédécesseurs , nous pouvons aujourd'hui frayer à ceux qui viendront après nous.
 Au fond de toutes les définitions diverses qu’on a tant de fois données du beau , variété dans l'unité , ordre dans le mouvement, se retrouve toujours l'idée dominante d'une harmonie de rapports et de proportions . Je n'essayerai pas à mon tour une définition générale du beau ; je veux seulement dégager de son enveloppe celte idée perpéluellement reproduite d'une harmonie nécessaire ; car cette harmonie constitue en effet selon moi la source de l'émotion , et l’essence même du beau . Et je pense qu'il doit suffire à l'excellence d'une définition quelconque du beau moral , ou de la morale , que cette idée d'harmonie s'y reproduise . J'énoncerai donc que la morale n'est autre chose que l'équilibre et l'accord de l'intérêt individuel et de l'intérêt général .
 Mais dans quels cas les caractères et les meurs tendrontils à rompre cet équilibre ? Où les sentiments naturels de l'homme devront- ils s'arrêter et se taire , sous peine de nuire à l'intérêt général et de braver la morale ?
 Comment le deviner si l'on n'a pas entrevu le principe souverain qui doit guider l'humanité vers le bien- être , la formule fondamentale et féconde dont les corollaires divers régiront la suciété?
 Dans l'obscurité profonde d'une nuit d'orage , si quelque voyageur égaré cherche vainement à retrouver sa voie , l'éclair paraît. C'est assez : vers un point de l'horizon subitement illuminé, le voyageur a vu serpenter la route ; il se remet en marche, désormais sûr d'arriver . Nous autres , à la lueur d'une révolution qui passa comme un éclair, nous avons vu s'inscrire sur tous les murs , puis disparaître le Mané Thécel Pharès du vieux monde . Cela nous a suffi, à l'horizon nous avions distingué le but vers lequel nous devions nous diriger , et la route qu'il nous fallait aller prendre , l'égalité sociale . L'avénement du suffrage universel , était le premier pas fail vers ce but grandiose , et il nous mettait en main un levier puissant dont nous n'avions plus qu'à nous servir pour ébranler et déraciner le préjugé.
 Mais que de longues et tristes incertitudes subit ce voyageur errant, l'humanité! Depuis dix-huit cents ans déjà , l'on dit aux hommes : Vous êtes frères. Cette parole divine n'a pas été plus tôt dite que dénaturée . Aujourd'hui , c'est à peine si des fleuves de sang versé nous ont permis d'ajouter que les hommes, étant frères, sont égaux devant la société dont ils ont tous besoin ; et de protester contre les interprétations iniques de ce grand mot : —Société qui signifie association de tous les hommes, et non pas exploitation des hommes les uns par les autres .
 Egalité ! l'ignorance et l'égoïsme ne veulent pas encore aujourd'hui te comprendre ! Si les hommes sont égaux devant la loi qui punit, est- ce à dire qu'on les punit tous également de la même peine de leurs différents crimes ? Et quand nous demandons qu'ils soient égaux devant la rémunération, est- ce à dire qu'on leur distribuera les biens sociaux par portions égales, quels que soient leurs travaux et les services rendus? Qu'on les récompense donc comme on les châtie, el que tout homme n'espère des biens sociaux qu'une part proportionnelle à son mérite.
 Le chef de l'État qui veille d'en haut aux destinées d'un peuple , qui le dirige dans ses relations avec les autres peuples, nos parents , dans la grande famille humanitaire ; et le mineur obscur qui dans le fond d'un puits de mine creuse patiemment son filon , sont égaux, si des biens d'ici - bas ils reçoivent une part proportionnelle à la valeur des services qu'ils rendent . Ni l'un ni l'autre ne pourrait se dire l'égal d'un homme qui pour s'être donné la peine de naître , pour avoir pris soin de ne mourir ni à Fontenoy , ni à Valmy, ni au service d'aucune idée généreuse, et pour ne vouloir être, à tout prendre , que la plus inepte et la plus inutile des créatures de Dieu, se verrait accorder plus longtemps le droit de vivre aux dépens de la société , sans rien faire pour elle.
 C'est là ce que nous autres, génération de 1848 , citoyens d'hier, nous avons cherché, trouvé ; c'est là ce que nous croyons en toute sincérité .
 Je n'entends parler ni des timides qui par faiblesse ont mis leur avenir au service de préjugés mesquins, ni des égoïstes qui ont accepté ces préjugés dans une arrièrepensée d'intérêt : ceux -là sont rares , nous sommes trop jeunes pour être méchants, et le commerce de la vie ne nous a pas enseigné l'art d'exploiter les hommes.
 Mais je parle de ceux qui, pourvus d'une intelligence vive et d'un cæur honnête , se sont promis d'ètre dignes du rôle qu'on leur a donné. Ceux -là se sont dit : Nous n'acceptons les traditions d'aucun parti . Le nom de parti nous est odieux . Convoitises qu'on veut assouvir, vengeances qu'on veut savourer, tout ce qui fait la force et la raison d'être des partis, nous l'ignorons . Combats sanglants, luttes fratricides, tout ce qui les fait triompher nous remplit d'horreur. Aucune révolution désormais ne pourrait donner au peuple l'équivalent de ce qu'elle lui coûterait de sang et de larmes. Que ceux qui voient l'avenir le préparent par la science et l'art .
 Faisons la part des insolubles problèmes que la philosophie voulait éclaircir : Il y a un Dieu , notre âme est immortelle . Notre cour nous le dit assez , et la raison sera toujours impuissante à nous le démontrer . Et pour le principe social de notre religion nouvelle, que ce soit celui de l'égalité des hommes . « La société doit à lout homme soutien et protection, en raison directe de ce qu'il fait pour elle . »
 Telle est la loi de la société , base et couronnement de la morale . Il a fallu le progrès des siècles pour la mettre en lumière . Aujourd'hui , nous l'avons ; et nous en pourrons tirer la loi même de l'art , et le canon du beau . -Au besoin l'étude des tendances éternelles de la poésie nous prouverait encore de qnelle fécondité sera celte loi , attendue d'ailleurs avec une si vive impatience .
 Dire en effet que les anciens n'ont jamais soupçonné ni le monde intérieur , ni le parti que l'art en pouvait tirer, c'eût m'exposer à me faire démentir par des exemples concluants tirés de leur poésie , el par la perfection de leur théâtre , où ce monde était chez eux plus spécialement exploité. De tout temps, l'un des plus impérieux besoins de l'homme fut de voir traduire par les artistes les résultats des phénomènes intérieurs de ses facultés morales , et d'assister en qualité de spectateur au développement du drame où, conime acteur, il joue éternellement son rôle .
 Moins entourés que nous d'une infinie variété de phénomènes moraux, et d'ailleurs , au point de vue de l'émotion , satisfaits des ressouces de l'art plastique , les Grecs se bornèrent , au théâtre , à l'étude d'un petit nombre de grands sentiments naturels ; mais toutefois, en artistes supérieurs, ils comprirent la nécessité d'une loi générale où vint se heurter la passion , et d'où l'on pût faire découler le développement du drame et son dénoûment, et ils en proclamèrent une qui se résuma dans ce mot : fatalité.
 OEdipe personnifie en lui le sentiment naturel qui fait aimer au fils son père et sa mère . C'est la fatalité qui a fait d'OEdipe l'assassin de son père et l'époux de sa mère. Qui pousse un autre fils encore , Oreste, au meurtre de sa mère ? c'est la fatalité. Plus tard , Oreste s'appelle Hainlet . Mais déjà commence à se dégager la nécessité d'un principe social pour refréner les passions . La fatalité est une loi vieillie , à laquelle le sentiment naturel ne veut plus obéir . L'amour filial d'Hamlet se révolte . Hamlet déjà cherche vaguement à pénétrer l'énigme de qui le mot règlerait sa conduite en lui Traçant le devoir : La loi de la société .
 Depuis Hamlet nous avons assez marché . Le problème doit enfin se résoudre . Le monde des sentiments veut être organisé ; et de nos jours le public réclame à grands cris de toute æuvre dramatique qu'elle lui montre au moins l'un des côtés de la loi morale.
 Dans l'un des plus palpitants et des plus beaux drames contemporains que j'aie pu voir , le sentiment exploité par l'artiste est l'amour. L'amant est jeune , il est honnête ; mais la femme qu'il aime s'est souillée au mépris de la loi de famille. De là pour eux impossibilité d'union , -et lutie . Mais la fatalité n'est plus ici le Deus ex machina ; et le principe qui la remplace, et qui vient serrer le næud du drame, est un principe moins simple et naïf, quoiqu'en retard encore, et qui a nom : les exigences du monde. Je ne reproche absolument à l'auteur de ce beau drame que d'avoir vu généralement une loi sociale , là où il n'y a , selon moi , qu’une convention très- éphémère. Le monde est un terme consacré pour désigner une fraction de la société , telle qu'elle est constituée aujourd'hui , telle qu'elle ne le sera peut - être pas demain . Les lois du monde, qui sont en effel, dans le drame qui nous occupe, en parfait accord avec les lois idéales de la société , en sont sur d'autres points le contre -pied.
 Si le dramaturge avait eu le courage de creuser la situation pour en faire jaillir la loi sociale et pour la proclamer, peut- être aurait-il fait une æuvre plus complète encore, mieux servi le progrès ; et peut-être son drame eût- il évité les controverses fâcheuses qui en ont mis en doute la trèssérieuse moralité .
 La fatalité, qu'elle personnifie le hasard ou l'intervention divine , est un principe éternel , sinon intelligent . Et ce principe , actuellement encore , noue bien des drames et des romans de ceux - là qui , par l'intrigue, ne s'adressent qu'à une vaine et stérile curiosité. Mais pour les drames et romans où l'art a quelque chose à voir, ils doivent enfin chercher une autre loi , et plus sérieuse encore que celle des exigences du monde . Les gens du monde ne sont pas pires que d'autres . Toutefois, leurs idées sont bien souvent en contradiction flagrante avec la saine morale . L'artiste , loin d'accepter ces idées, leur doit imposer les siennes ; il doit les moraliser , et non s'inspirer de leur morale . Et , s'il faut tout dire , la cause de l'abaissement du théâtre , à l'époque où j'écris, est dans cette servilité des littérateurs qui , dénués d'idées morales dans un temps où elles sont l'essence même et la loi du beau , emprunzent à tout basard celles qui sont les plus propres à flatter leur public ; et font de la morale à l'usage des gens du monde, de la morale qui leur plaise , en justifiant à leurs propres yeux leurs intérêts, leur ambition , leur égoïsme .
 Artistes , nous avons une loi comme les Grecs en avaient une; elle se résume en un mot : société . A l'oeuvre donc ! c'est notre foi qu'il faut servir.- Plus de révoltes furieuses ni d'anathèmes impies! Monsieur Vautrin , s'il y a réellement en vous l'étoffe d'un grand citoyen , vous serez utilisé . Mais si vous n'êtes qu’un assassin déclamateur , un forçal jovial et sinistre , taisez-vous ! Plus de doutes ni de désespérance! Malheureux Werther , il faut immoler ton cæur aux principes plus purs d'une société qui se renouvelle . Grande et triste Lélia , nous savons à présent que répondre à tes interrogations désespérées. Et toi , Rolla, debout ! Cesse de te rouler à terre en pleurant comme un enfant . Cesse d'injurier le vieux Voltaire parce qu'il t'a brisé le fétiche que tu nommais ton Dieu . Nous en avons un autre : ou plutôt la gloire du Christ revit plus immortelle et plus jeune . Debout ! Entre le mauvais lieu et le sanctuaire souillé de sang où se cache l'idole impure de Torquemada faut- il choisir ?
 Après avoir étudié le déplacement du beau , les transformations de certaines formes artistiques , déplacement et transformations que j'ai rattachées au progrès humanitaire , plutôt en artiste , comme on l'a pu voir, qu'en philosophe , je ne veux pas, en terminant , me faire critique, ni tomber dans un écueil banal , qui serait de tracer des règles.
 Je respecte avant tout la liberté de l'artiste . Et je crois qu'on n'est pas artiste sans un don naturel qui fait qu'on devine d'instinct les règles , et qu'on s'y conforme quand elles sont bonnes ; qu'on les repousse et qu'on les change nécessairement quand elles sont funestes .
 Contentons-nous donc d'avoir suivi la marche humanitaire de l'art , d'avoir salué l'avénement prochain de la beauté morale parfaite dans le roman , au théâtre; et gardons-nous de formuler niaisemeut les doses dont un artiste pourrait composer un chef - d'oeuvre dans l'un ou l'autre de ces deux genres .
 Je n'ai plus qu'un mot à dire; et je l'adresse à toi , jeune homme laborieux et pauvre , et préoccupé de l'avenir de l'art, qui , passant un soir sous les galeries de l'Odéon ,auras récolté ce petit livre . Tu vas me lire et me juger ; et , sans doute , ce que j'ai dit ici t'aura fait concevoir une espérance qui sera déçue . Mais s'il est trop vrai que mon talent n'est pas à la hauteur de mes convictions , il faut me pardonner, en considérant que j'ai dû sacrifier les intérêts de mon amour- propre à ceux de ma foi. Toi que , d'avance , je puis appeler mon ami, mon frère , essaye à lon tour : peutêtre seras-tu plus heureux.— Alors l'honneur de i'avoir affermi dans ta voie me suffirait bien , et j'applaudirais chaleureusement à ton succès .
 Mais , -crois -moi, —tâche, si tu es artiste , de te maintenir au moins au niveau de ton siècle . Ne méprise pas le public. Tu verras les hommes dont il se compose trouver bonne la mauvaise peinture , et ils l'achèteront . Si quelque artiste convaincu s'obstine à leur en donner de passable , ils la trouveront mauvaise , et la délaisseront . Diras- lu d'eux qu'ils sont bourgeois ! Mais ces bourgeois sont excusables de ne pas sentir un art vieilli ; pour être émus il faudrait qu'ils eussent passé par toute une éducation qu'on ne leur a jamais donnée et qu'ils n'ont pas eu le loisir d'acquérir . Ils sont hommes cependant, et ils sont sensibles . S'ils sont dans leur droit,et si l'artiste a raison , qui donc à tort ? —C'est la peinture, qui ne saurait se préoccuper de ce qui les préoccupe. Toi donc , sois l'artiste qu'ils demandent . Mais toutefois pour les intéresser et les émouvoir ne te fais pas leur courtisan , mais leur maître .
 Et d'abord , sois un croyant . Puis , sois un honnête homme, indépendant et fier. Car si , selon le mot du sage : Il faut être beau pour juger le beau , n'est-ce pas lorsqu'il s'agit de pénétrer dans le monde moral , d'en faire resplendir les gloires, d'en flétrir les bideurs? Sois tout cela ; et sans doute un jour les générations à venir salueront lon nom comme celui d'un ardent apôtre de l'humanité et comme celui d'un grand artiste.

L. W.

Mars 1858.

 10年または12年前に、大学のカレッジで育った若者たちの世代が成長していました。今日、最も年長の者たちでも30歳に達していないことから、わずか数人が科学や芸術で名を馳せ始めたと言えます。そして、彼らの多くは、社会が正当に要求する15〜20年に及ぶ労働的な学習の限界にわずかに触れただけであるか、またはそれ以下である場合がほとんどです。
 私が思いを馳せる遠い過去から、物事はどれだけ変わったことでしょう!しかし、特に私たちの心の中では、思考の変化が相次いでいます!この世代の若者たちは、今では彼らを男性と呼ぶのもほとんどできませんが、知的・道徳的な人生で熱心で確信に満ちたカトリック信者として始まり、彼らの教育が始まったのです。
 フランス語の散文と詩、ラテン語の散文と詩の狭い言語の観点からの研究、歴史の幅のない洞察、および自然科学の最も基本的な要素:それらは私たちの精神に最初に提供された栄養でした。しかし、徐々に、教師たちの言葉によって、古代および近代の文学、17世紀までの文学がより鮮明な光で私たちに照らされるようになりました。歴史家たちの熱いページの裏に、歴史の大きなドラマが私たちの目の前で展開されました。そして、科学の冷酷な結論の前に、私たちの最初の宗教的信念がひそかに揺れ動いていました。
 最後に、私たちの存在の起源、存在の理由、目的、そして遊びに関する私たちの熱い問いかけに答えるために、特異な哲学の教えが現れました。それは、すべての既知のシステムの混合物であり、今日では名前自体が最も当然の軽蔑に陥っています。最初に、カトリック信仰の揺らぐ建物を取り壊し、私たちを不確かで疑わしい物質主義の深みから過剰な霊性主義の誇張にまで揺り動かし、最も勇敢で強靭な人々をスピノザの汎神論的で曖昧で絶望的な結論に導いた哲学です。
 こうして、私たちは、要約の中で歴史を推測し、要素の背後に科学を疑って見て、限られた詩の露出を超えて芸術の領域を見出し、そして宗教的な考えについては、古めかしいカトリック信仰にうんざりし、20世紀にわたって解決しようとしてきた解決不可能な問題を解決しようとして無駄になった哲学にもう飽きたという状態で、私たちは、私たちを照らすいくつかの光がある場合を除いて、完全な無関心に身を包んで卒業しました。
 私たちの主人たちはこう言いました。「私たちは、あなたたちに広大な地平線を思い起こさせました。科学か芸術のどちらかを選んでください。選んだ後、自分の道を歩んで、自分たちの仕事の助けを社会に提供し、あなたたちが生命の支援と安全を期待している社会に役立つようにしてください。」その時代には、革命が起こりました。玉座が崩壊し、新しい政府形態が現れ、そして消えました。これらの転換の中で、生き残ったのは、何故か知られていないが、熟成していたためか、その時が来ていたためか、ただ必要かつ不可欠な原則だけでした。しかし、今後は神聖な原則として扱われるようになり、万人の普通選挙として知られるようになりました。
 私以外の誰かが、1848年の共和国を賞賛するか批判するかするでしょう。人材やアイデアが不足していたと言われていますが、それはアイデアがなかったために人材が不足していたのか、それとも人材が不足していたためにアイデアが不足していたのか、私にはわかりません。私たちはその時とても若かったので、私は私たちの世代の中でもっとも若いひとりです。私たちの頭の中で、多くの無駄な恐怖と愚かな希望が交錯し、今日では子供たちのように忘れられた希望や恐怖があったことを思い出します。とにかく、1848年の共和国が弱く、無力で、正当に沈んでいたとしても、彼女だけが私たちに万人の普通選挙を神聖な遺産として残してくれたので、私たちは死者に対する無駄な敬意ではなく、彼女に対する異なる尊敬を持つべきです。
 これは1848年の世代の独特で消えることのない特徴であり、社会に対する自分たちの労働の貢献を支払う手段を求めて学校に向かおうとする時に普遍的な選挙権が誕生したことを見たことである。前の世代の人々は小さな闘争に疲れ、彼らが経験した無意味な混乱には政党間の競争と変節しか見えなくなっていたため、この偉大な原則が今や争いのないものとなったことを理解することがほとんどであった。
 そして、前に言っていたように、私たちは最終的にどのような社会を奉仕しなければならないのでしょうか?そして、人類を二つの階級に分けるという、とんでもない不公平な結社とは何でしょうか?一方には軽蔑されるプロレタリアートの労働者たちがおり、他方には私たちが生まれた土地の幸せな所有者たちの一族がいます。そして、この無法な社会の指導者たちは、誰が独占的になっているのでしょうか?彼ら自身が怠け者で、負担を受け入れずに利益を受け取る条約の維持に関心がある者たちであり、汚職に匹敵する彼らの無能さは、彼らの堕落と同等です。
 「そして、彼らの汚職!この社会に奉仕すること!もし、我々が代わりに何を築くべきか知っていたら、それを裏切り、転覆させるために行うでしょう。しかし、人類が進む方向はどこにあるのか?どうやって導くのか?私たちは何も知らないし、何も信じていません。未来の神々も私たちには分かりません。」と述べたとき、私たちは悲しみ、絶望し、父祖からの病気の深刻な症状に襲われていた。
 そして、「努力し、考え、絶え間なく探求すること。生命を与える原則と理想的な社会の方程式を探してください。そして、それを見つけたら、適用を遅らせるものは何もありません。今日から、揺れ動きもなく、革命もなく、涙も、流血もなく、あなたたちの指導の下で社会はゆっくりと変革され、あなたたち全員が兄弟愛に満ちた協定の中で与えようとする進歩の方向を取り、従うことができるようになります。この日から、あなたたちはすべて市民であり、すべて有権者であり、すべて立法者であり、すべて平等です。」と私たちは語られた。
 全ての権力から転落した大臣たち、すべての陰謀によって倒れたと主張される政治家たち。そして、あなたたちも、すべての政党の憎しみの残滓を栄養にしながら、報復の瞬間を待ち望む、憎悪に満ちた残骸たち。悲しい野心家たち、すべての進展を最初に礼賛することに熟練した人々。そして、後に弱さからすべての成功に従う臆病者たちも、私よりも雄弁で信頼できる声が、新たな信仰と熱狂を持って、探求し、見つけ、信じたいと叫んだ私たちが、ポローニウスのように「光を!光を!光を!」と叫んだことを、あなたたちに理解させるでしょうか。
 私たちは探し求め、見つけました。私たちが信じるものについては、私自身がここで、時間と場所が許せばすぐに言うことにします。まず最初に述べることは、人類の宗教が、私たちの先祖にとって苦労の結果、苦しい長い不確実性の中から導き出された結論であり、結果であったのに対し、私たちにとっては出発点であり、私たちが育った信仰であったことを確認することです。
 私たちは、人々が権力に登りつめ、その地位を維持するのを見ました。私が人々と言うとき、私は富裕層と貧困層、力を持つ者と弱い者、そして手で働く人々と知的に働く人々を含めます。
 私たちは21歳の時、私たちが作ったわけではない状況に直面しましたが、私たちはそれを過去への回帰ではなく、将来への進歩の正しい方向に向かうものとして受け入れ、私たちの勝利の確認としました。私たちによれば、人々にはすべての権利があり、一時的にそれを放棄する権利さえあります。彼らがしたことは正しいことです。また、普通選挙のおかげで、法案を提案し、承認し、修正するのは人々であり、未来を準備するのも人々であるため、科学が説得し、芸術が感動させるのは彼ら自身であると考えています。
 特に、私はこの明示的な信仰告白を非難されないようにしてください。誠実な人々は、今日、政治的信念と一体化した作家の才能をどの程度評価するかを知っています。市民である前にアーティストであることを考えると、最も謙虚であり、最も分かりにくい労働者でさえ、ある日には彼らの立法者の予見と道徳性の至高の審判者として目覚めることができることを考えると、一般の人々がそう要求するのは非常に自然なことではないでしょうか。
 そして、私たちの時代において、芸術が本質的に社会問題から永遠に疎外されるべきであるという、あらかじめ主張することは、将来の問題について感情的な観点からでもアプローチすることを禁止することであり、私のような知的で信念のある同年代の人々に尋ねます。それは芸術の衰退と死を一言で表しているのではないでしょうか?
 それに対して、私は芸術にとってはそこに資源と未来があると主張したいのです。そして、私が隠さなくてもいい信念を私の主張の向こうに推測する手間を省いてくれたことを、読者に許してもらいたいと思います。
 芸術と科学は、アイデアに形を与えることに同様に取り組んでいます。しかし、科学的な形式は、通常の言語の形式に他ならず、直接知性に訴えかけます。一方、芸術的な形式は、逆に、感覚を通してのみ知性に訴えかけます。言い換えれば、芸術は感覚と感情を通じてのみ納得を生み出すことができると言えます。
 芸術的な形式が私たちの感覚に訴えかけるということから、私たちは直ちに彼女が描かなければならないと結論づけることができます。したがって、彼女は風景画的でなければなりません。そして、アーティストが神ではなく、物事や感情を再現することができないため、そのアイデアを呼び起こすために、芸術はしばしば慣習に頼らざるを得ません。芸術的な形式の2番目の特徴は、慣習的であるということです。
 こうして定義された形式に基づいて、芸術におけるアイデアの扱いについて検討する必要があります。しかし、私にはまだアイデアを芸術的観点から分類するための要素が欠けています。従って、当面はすべてのアイデアが芸術の領域に属し、この領域が普遍的であると仮定しましょう。ただし、私たちにアイデアを呼び起こすことができるすべての物事、事象、感情を表すために、哲学的にはあまり妥当ではありませんが、分類することができます。知性と納得の特定の観点と、感性と感情の観点として、あるいは科学と真実の観点と、美と芸術の観点として異なる2つの方法で見ることができます。
 海の前にいると、人は次のように考えます。「ここには、塩分を含んだ大量の水があります。太陽と月の地球の楕円体に対する影響によって引き起こされた潮汐が現れます。」
 もう一人の人はこう考えます。「地平線で天空と一体化するこの広大な海が、私に無限の感覚を与えます。波の音が嵐の音と混ざり合い、私を恐ろしい恐怖に陥れます。」
 この2人のうち、1人は学者で、もう1人は芸術家です。
 建築、彫刻、絵画は視覚に訴えます。
 音楽は聴覚に訴えます。
 詩は全ての芸術を総括します。最初の効果は音楽と同じように、聴覚に作用する旋律のものであり、私たちに色彩の全ての手段とともに、輪郭の鮮明さで表現された対象のアイデアを目覚めさせることができる、私たちの想像力の力によって与えられます。さらに、形とアイデアの両方の点で、優れた芸術家たちは詩を大理石のように彫刻したり、魔法のような色合いを与えたりしています。
 演劇は詩の一分野であり、同時に複数の芸術形式の利益に参加する。小説は演劇が語られたものと定義できるが、その形式はより柔軟で、より要求が少なく、同時により一般的な言語に近いため、より非公式であり、また、同様に、より慣習的で風景的ではない。小説は、芸術の領域の限界にあり、科学の領域にも触れている。文学というと、特に演劇と小説を指します。
 そして、これらの前提が示されたので、私はついに、私たちの時代における異なる芸術形式がどのような輝きや低下の段階に達しているかを確認することができます。
 しかし、私がそのことについて考えを表明する前に、もう一つ言葉を述べます。ここで芸術について話しているので、真剣に話をするつもりですが、まず、私がどの種類の芸術について話しているか、そして誰に話しているかを明確にするための区別を設定します。これは、しばしば無視されるべき注意事項であり、多くの誤解を回避できます。もしもあなたがコンセルヴァトワールのコンサートを熱心に聴き、誰かがあなたをFavartに誘おうとした時に、「私は小さい音楽が好きではない」と答えたことがあるなら、昨年の展覧会で風景画の学校に十分な評価を与えたり、様々なジャンルの絵画を楽しんだりしながら、悲しくなって「ああ、偉大な絵画はどこにあるのか?」と思った場合、それは良いことです。そして私たちは話し合えます。
 したがって、私はここで大規模な芸術について話し、微妙なニュアンスをつかむことができる人々にだけ話をします。しかし、私は意見を述べる前に、この点を明確にしておかなければならなかったのですが、私の意見は今や誰も怖がる必要がないと思われる、つまり次のようなものです:
 建築は死んだ芸術であり、彫刻は去りつつあり、そして(大)絵画も間もなく消え去るだろう。
 私が使用した形式がどれほど穏やかであったとしても、私が取ったすべての注意にもかかわらず、私は聴衆の一部を深く反発させてしまったことを非常に心配しています。ですので、私は主張し続けます。
 「建築については、私が話すのは、パルテノン神殿、バックス神殿、カレーの家、サン・シャペル、ルーヴル宮殿庭園など、旅行者の写真やピラネージの美しい版画によって判断できる、または実際にその場所に行って判断できるものに限る」と私は主張します。
 ここでは、ポリムニア、ミロのヴィーナス、ジュール・セザールの墓の彫像、サラザンのクリアティデス、そして三美神などを残した彫刻についてのみ言及することとなっています。
 私が扱うのは、私たちが「椅子の聖母」、「モナ・リザ」、「アンティオペ」、「カナの結婚」、「十字架降下」、「解剖学の授業」、「ディオゲネス」、「ダンテの船」から知っている絵画だけです。
 大音楽は衰退していません。それは良い手に握られています。そして、聖域に奉仕する少数の熱狂的な専門家が、ベートーベン、モーツァルトハイドンを神として選んだ人たちは、これらの偉大な才能が後継者を残すことなく死んだわけではなく、新しい名前を認め、彼らの賞賛の恩恵を共有するいくつかの新しい名前を認めます。
 描写的で、言わば造形的な詩は、古代世界や中世のすべての資源を使い果たし、自身を要約する絵画や彫刻の芸術の後を追うことになるようです。しかし、感情の詩、そして私がこう表現することができる道徳的な詩は、最近では、すべての世紀の熱狂に値する調子を響かせています。それゆえ、その崩壊を予想する兆候は何もないのです。
 小説はまだ非常に若く、将来性に満ちた形式です。私たちの先祖たちは、小説から得られる感動に心を開くことをいまだに恐れています。それがもたらした偉大な作家たちの名前は、彼らにとってはなじみがありません。しかし、私たちよりも時代と距離が離れた栄光に対して偏見を持っていない私たちは、彼らに私たちの賞賛を惜しまないでしょう。その中でも、シェイクスピア的な天才の閃光があらゆるページに輝く作品を読み、繰り返し読み、解説した作家がいることを知っています。彼こそバルザックです。
 劇場では、叙事詩から小説が生まれたのと同じ変革が起こっているかもしれません。そして、もし形式的な革新が明らかになれば、劇場は毎晩集まる多くの観客の好奇心を満たすことができるでしょう。
 もしも、私が自分自身に対して偏見を持って、現代美術作品を悪く言ったという人がいるのであれば、私はこう言うでしょう。「違います。見ていただければわかるように、古くなった形式に代わって、芸術はより若く、より活力的な形式を見出しています。私は心を動かされるものを誠実に称賛しています。そして、建築、彫刻、そして私が冷淡になってしまった現代の(偉大な)絵画に関しては、真実である人が許される残酷さで、悔い改めることなく彼らを非難します。」
 特定の芸術形式が消え去ったり、別の芸術形式が永遠に存在し、詩歌のように変革や繁殖をすることを見て、これらの現象を理解しようと努めます。そして、私が信じているように、人間性と永遠の進歩を信じるならば、進歩がどのように生じたのかを進歩自体の発展に探求しようと思います。
 もし人類が常に進化の果てに近づいているということが、日々、時間を問わずに起こっているとしても、その目的地やこの絶え間ない努力の直ちに現れる結果をいつも見通すことは容易ではない。そして、この労働的な人類を観察し研究する思想家は、時には彼らを疑い、また、彼らが達成すべき努力の見かけ上の無駄に落胆することがあるかもしれません。
 しかし、何世紀もの闘争と無限の汗の後に、不滅の真理が現れます。突然、解放的な原則が誕生します。巨大な巨人が歩みを進め、それが見られます。一歩踏み出したのを測ります。これで十分です。人類は自分たちの目標を知っています。それを達成するまで、彼らは止まることはありません。
 そして、もし詩人がこれらの栄光ある出来事の一つに立ち会えば、彼は人類に対して熱狂的な情熱を抱きます。彼の想像力は、人類を生きている存在として具現化し、その腕が働き、その心臓が脈打っているように感じます。彼は彼女の不幸に泣き、彼女の勝利に酔いしれます。彼は将来の芽を探すために彼女の過去を問いただします。
 こうして人類を研究し、その荘厳な行進を感動的な心で追いかけることによって、未来の世紀の地平線に向かう目的を最終的に見分け出すことができます。ある時期には、科学と芸術によって過去の世紀の間に提供されたサービスを理解することができます。高く、寛大で、この見方に立つことによって、人類の進歩を支えるこれら2つの貴重な支柱が果たすべき努力や義務を指摘することができます。
 人類は幸福を追い求めるべきではなく、そして徳行もそれを導くことはできない。私たちは人々に与えることができないものを約束してはならないし、彼らが達成できない奇跡を要求してもいけない。人間は人間であり、天使ではない。彼らがどのようなものであるかを受け入れる時が来たのだ。彼らの本質を変えようとすることなく、彼らがそうであると受け入れることが必要である。また、完璧な幸福は手に入れられない夢であり、その追求を諦めることが適切である。したがって、私たちはもはや人々に「徳を持っていれば幸せになる」と言わないでしょう。代わりに、これらの危険で空虚な言葉「徳行」「幸福」を、社会的観点からより正確な意味を持つ他の言葉で置き換える必要がある。仕事と福祉こそが、今日発言すべき言葉である。働けば食べ物が手に入る、それが人々に言うべきことである。私はこれ以上言及しません。私を読んでくれる正直な人々、特に若い人々は、人類の最も明確で明白な目的はすべての人々の福祉であることに同意するでしょう。
 しかし、もしいくつかの慎重な読者が驚いているなら、安心してください。物質的な幸福ということは、精神的な幸福や幸福と同じであり、幸福とは仕事を含むため、仕事ということは徳行を意味します。これらのすべてのアイデアは分離できず、これらのすべての言葉は密接に関連しています。なぜなら、魂と体はそれ自体が関連しているからです。それは素朴な真実です! さあ、魂と体を長い間分離させることを許す必要があるのでしょうか? 私たちの魂は自分自身の起源や未来、解読不可能な謎、宇宙が効果である原因を自己説明することを諦める必要があります! そして、彼女は最後に、彼女の義務である体に少し注意を払い、それを育てることを考えなければなりません。それが要求されるからといって、彼女が卑しめられるか軽視されるか、または十分に仕事ができないと恐れる必要はありません。彼女は大きな間違いをします! ついには誰もが食事をすることはより深刻な問題であり、それを解決するためには、科学と芸術のすべての栄光ある資源が必要です。
 そして、芸術について、世の幸福な人々の娯楽や、十分に夕食をとった人々の消化のためのものではなくなってしまったことを後悔する必要があるでしょうか?それよりも、芸術が今後果たすべきより美しく、より真剣な役割を自分たちで確信することが私たちにとってより慰めになるのではないでしょうか。つまり、芸術が自分の性質に適した方法で、提供できる感動や生み出すことができる道徳的信念を通じて、福祉の発展に寄与する役割を果たすことです。科学のように直接的ではないかもしれませんが、芸術が果たすべき役割はあります。
 そして、芸術については、世の幸せな人々の気晴らしや、十分に食事をした人たちにとっての消化促進剤としてしか見られなくなることを後悔する必要がありますか?私たちにとってより慰めとなるのは、芸術が現在からより美しく、より真剣な役割を果たすこと、つまり、科学と同様に直接的ではないが、芸術の本質に合った方法で、提供することで、福祉の発展に貢献することです。芸術が提供する感情や、生まれる可能性のある道徳的信念によって、その役割を果たすことができるでしょう。
 人間の幸福の源泉であり、永遠に人が生活手段と富の要素を引き出す源であるのは、自然である。自然は、人が食べるパンや味わう果物、身に着ける衣服、身につけるダイヤモンド、藁屋根の小屋や宮殿を建てるための木材や石などを提供してくれる。しかし、人が必要なすべてのもの、余分なものを得るためには、努力が必要である。世界が世界である限り、人間と自然の戦いは続いている。日々、人間はより野心的になり、自然はより反抗的になり、戦いはますます激しくなっている。今日までのどの世紀でも、戦いはこれほど激しかったことはなかった。現代では、自然は野蛮なエネルギーで探索され、作業され、拷問されている。人間は自然を自分が掴む必要がある宝と見なし、最も強力な武器を持っているため、彼女を休ませることはできない。
 ここで地球の腸が割かれ、海が干上がり、荒れ地が肥沃な土地に変わり、山を突き破る機械が大洪水の時代の現代にあることを言うべきでしょうか?いいえ、他の人たちが私よりもうまく言うか、言っているでしょう。しかし、過去の廃墟を常に嘆き悲しむ反抗的な精神のあなたたちよ、私たちを苦しめる進歩の普遍的な感情の原因や、古い堤防をすべて押し流す洪水の源を遠くに探し求める必要はありません。それらは、信じられないほどの産業の進歩にあるのです。それ以外にはありません。
 このような豊かなテーマの誘惑に私を引きずり込ませたくありません。私が人類の進歩を研究するのは、芸術の発展にそれを関連付け、ある種の芸術形式の崩壊または変革の原因を探るためです。私は人類の過去を、人間の自然界との闘いで要約しました。そして、芸術におけるこの闘いの反動を示す時が来ました。この時には、闘いの段階と、芸術が大いに開花した大きな時代の両方を一度に俯瞰することが必要です。
 科学と芸術の重要性を認識し、これらの分野に真剣に取り組んできた民族に目を向けると、最初にギリシャ人が挙げられます。自然の中で創造物の王とされた人間がいたのです。まだ無垢な自然の中から、美の概念が生まれてきました。文明は成長していきましたが、人間は依然として主に外界の世界に関心を抱いていました。また、幸福な気候下に住んでいたため、人々は最初は素朴な家を建て、やがて美しい家を建てました。これらの家は、季節の悪天候から保護するためではなく、風景を損ねないように作られました。
 たとえ彼が神々のために寺院を建てたとしても、それらは自然と完全に調和しているようになってほしいと思うでしょう。彼はまだ自然を尊重しており、それを支配し、変えることは望んでいません。むしろ、それを補完し、美しくすることを望んでいます。そして、美しい芸術の傑作であるパルテノン神殿が建てられます。絶妙な比例の柱の上に、エレガントなフロントンの角が空の青空に浮かび上がります。私たちは建築の黄金時代にいます。
 彼自身をその建築物によって彩られた景観の中に位置づけながら、人は自らの原初的な優美さを備えた美しい存在であると認識します。美的な人間像を考えます。彼はゆったりとした優美な衣服に身を包みます。彼の神殿の柱廊の下、聖なる森林の陰、海の岬の岩場で、彼の存在は周囲の美と調和します。
 それだけではありません。人は、身体の美しさから芸術にインスピレーションを求め、芸術家たちは大理石を掘り進め、人間の姿または彼らの神々の像を作り出します。古代の神々よ、ギリシャ人が形を神格化したあなたたち、あなたたちは魅力的でありながら堕落していましたが、海や山、森林に住み、尊重される領域には、私たちが求める精神的な威厳はありません。しかし、その素朴な時代に理想的な美しさの像を駆り立てたことを讃えられるべきです。それは、どの時代にも再現されないでしょう。
 しかし、すでに社会の努力的な組織が始まり、人間と自然の闘いも始まっています。外界の美しさもすでに損なわれています。やがて、建築も純粋なモデルもない環境に置かれることになり、それらは衰退していくでしょう。
 その後、ゴシック様式の大聖堂は十字架の形状を取り、その後方部分は救世主の頭部のように傾斜します。教会会議によって規定された象徴主義のあらゆる手段を駆使しています。建築家は信仰者であり、芸術家である前に聖職者です。純粋かつ永遠の調和の観点から見ると、芸術は弱くなってしまいました。ゴシック建築は、自身の領域とは異なるアイデアを表現しようとする芸術形式の究極の努力であり、それは「石が話したがっている」ようなものです。
 彫刻も同じ失敗を繰り返す。中世において、物質を排除し禁止する教義の影響下で、彫刻は形をやせさせて忘れさせるようにして、その模型に魂を与えることを信じていた。しかし、それらは無駄な試みに終わった。派手で華麗な時代の最後の輝きであり、彫刻は消え失せることになる。
 建築や彫刻において、ギリシャ人は芸術の最後の言葉を述べたと言える。彼らは図画芸術においてさらに進むことはなかった。何故進まなかったのだろうか?当時、外的な美的美しさは他に何も必要としなかった。彼らには十分な手段があり、絵画は必要のない資源を持っていた。
 美的観念の変化に伴い、新しい形で芸術が勝利するためには、より進んだ時代に移動する必要があります。社会は苦労して構成されます。人間は長い間、自然と闘ってきました。彼の腕と思考の働きによって、彼の形の純粋性が変化しました。彼はもはや美しいわけではありませんが、代わりに力強く、強靭です。あなたは生き生きとした人間性が具現化された人物像を望むのですか?それは兵士です。
 彼の髪は短く切られ、赤みのある荒々しい髭が鋼鉄の胸当てに流れ落ちています。彼は立っており、鉄の手袋をはめた両手で長い剣の柄を交差させています。どのギリシャの彫刻家が彼を白い大理石の像のモデルとして望んだでしょうか?むしろ、どの彫刻家がこの疲れた額のしわを刻み、恐ろしい戦争や略奪の夜の思い出を暗い目の奥に輝かせることができたでしょうか?しかし、この男性は表情だけでなく衣装でも美しいのではないでしょうか。ギリシャ人が野蛮と見なしたであろうその衣装は、彼の厳しい表情を驚くほど美しく見せます。
 さらに後に、人類が進歩し、同じ原因で、建築の歴史の別の美しい時代において、人間の美はますます外面的ではなく、知的かつ道徳的になっていきます。解剖台の周りで、人々は科学を問い詰めます。彼らの真剣な表情は、ギリシャ人が求めた高貴さから完全に欠けており、最後の輝きがまだ兵士の顔を照らしていたようなものではありません。しかし、彼らの精神の静謐さは驚くべきものです!これらの人々の目に、力強く粗野なものではなく、熱烈な知性の閃きを灯す必要があります。その目を生かすことは絵画にしかできず、その服装を彩ることも絵画にしかできません。そして、その服装はまだ完全に優雅さを失っていないことに注意しなければなりません。
 このように、私たちは絵画が勝利し、ティツィアンやレンブラントといった偉大な芸術家が現れるのを見る。今や、芸術における進歩と美の移り変わり、特に人間の美について、現代までの影響と反動を追跡するために、19世紀の人間を見てみましょう。この狭く、曲がりくねった、暗い通りを一緒に下り、醜い店と全てが芸術家の目には醜い脆弱な家々で満ちている様子を見てください。泥だらけの歩道を歩く男性が目の前を歩いています。後ろ姿を見ると、あなたにはおかしなように見えませんか?
 彼の頭は、思考が重荷のようにのしかかり、肩に引っ込み、バロック様式の帽子で覆われています。帽子の縁と長いしわくちゃのコートの間には、油汚れのついた襟元から偽のカラーのリボンが見えます。瞑想中に足を組む習慣が、濃紫色で不快なパンツをらせん状にねじり上げました。彼を追い越してゆっくり観察するために前に進みましょう。何か抽象的なアイデアの追求に没頭しているので、私たちに気づくことはないでしょう。
 その顔は醜く、下品で、無精髭が周りを囲んでいる。もし彼を知っているなら、彼の眼の中に眩しい魂が輝いているのを見るかもしれない。しかし、私に言ってください、フィディアスはこのモデルを見て逃げ出すことはないでしょうか。そして、彼が脳の働きを刺激するためにタバコを吸い込む不可解な仕草をするのを見たらどうでしょうか?
 私はあなたが画家であると仮定し、この特徴、歩み方、衣装を幅広くかつ緻密に描き出してほしいとお願いした場合、確かに拒否されるでしょう。あなたがここで見ているのは、詩的でない醜さだけです。実際、あなたは正しいです。この外見は、嘲笑的なスケッチの中で補償または対比としてのみ有用であり、美しさはそこにはありません。
 私があなたに伝えることができること、すなわちどの画家も翻訳できないことは、この人の知性、心、意志です。ですから、彼が最も愚かな市民と混同されているのですが、彼は深く科学を掘り下げています。そして、どのような科学でしょう!それは、すべての他の科学の光栄な要約であり、最も直接的に人々の幸福に関係するものです。この学者は、人間の兄弟たちを愛しています。彼は常に彼らの存在の利益に心を配っています。彼は常に社会契約の条項を考え、議論しています。
そして、常に彼の考えを苦しめて豊かにするために、彼は最も厳格な賢明さから最も頑健な健康を求めました。一流の知性に仕えるために、彼は金の心を持っています。彼は良い人であり、親切であり、謙虚であり、彼は妻や子供たちを愛し、働くためのすべての徳を備えています。
 しかし、それだけではありません。彼はこうして力と力を獲得しました。かつて彼は夢想家で狂人と呼ばれました。愚かさと憎しみは疲れ果て、不屈の労働者は不動のまま立ち続けました。今日、天才、不幸、美徳、栄光にも動じない侮辱者たちは、力強い弁舌で示されたこの印象的な信念を尊重することを余儀なくされています。今日でも貧しく、野心もなく、彼は大物と同等の力で対話し、彼が真実を見つけたときには、どんな誘惑や恐怖も彼を黙らせることはできません。
 人は光の中で美しい存在です。しかし、道徳的な世界の大小さまざまなものの中で、私は美しいものに真っ直ぐ向かいました。信じた場所で、労働者に真っ直ぐ向かいました。アテネではアポロンのモデルになれる人を探すように、16世紀では兵士に向かいました。道徳的な美の尺度において、この輝かしいタイプよりも下に、より弱い、より純粋でない美、つまり、心臓、知性、意志が調和的な全体として結びついていない美があります。最後に、より低い段階には、弱さ、無知、利己主義の対比や反感があります。" ,br/> しかし、美は常に徳であり、醜さは悪徳である。彫刻家は彼の鑿、画家は彼のパレットを置いて、ここに立っている。詩や文学が美を包みから解き放つために使用できるすべての手段が必要です。新しい領域で美を断固として追跡した後、美を解き放つためです。例えば、アーティストがドレスやブラウス、羽根飾りやぼろ帽子、シルクや粗末な衣服、花やラグを使って、感情や性格を着せ替え、あるいは脱がせることができる場合、高慢さ、満足感、知性、愚かさ、壮大な愛、売春、そのアーティストは時代の画家であり、ティツィアーノレンブラントのような存在になるでしょう。 -バルザック
 人間の周りにあるすべての外的な側面が同様に変化し、すべての美的な外観が内的かつ道徳的なものになるのを見てください。今日、ポリムニアを霊感させる女性、鹿を追うダイアナ、ミロのヴィーナスを霊感させる女性はどこにいますか?最初にジョコンダとなり、今日の女性はバレンタイン、マリアンヌ、ユージェニー・グランデと呼ばれています。美術は彼女をモデルにするでしょうか?服を着た彼女は醜く、裸であってももはや美しくなく、貞節でない作品をインスピレーションを与えます。
 女性はまだ美しいですが、誇り、教養、感情、そして謙虚さによって美しくなっています。 そして、自然を見てください。文明が成長する地域から遠く離れた場所では、風景画家たちの筆を揮うだけの美しさを提供することができますが、人間が働く場所では、肥沃化され、種まかれ、裸の状態で、工業の工場で満たされ、陰気な煙で黒く染まっている、悲しみに包まれた自然が、彼女の緑と美しさを悼んでいます。
 都市も同じで、もし芸術家の目が外面の美しさを追求することに捧げられていた場合、より悲しいほどに有用な醜態に囲まれています。
 しかし、私は正直でありたいと思います。大都市の中心部では、すべての産業の努力が集約され、物質的な進歩が最も深刻で広範囲に及んでいる場所であり、人間が自然と戦って得た結果のある種の壮大さに、自分自身が無意識に感嘆することがあるのを感じました。そうすることで、美しさの感情を再び見出せるようになりました。
 将来、人類は実用と美を混同し、自然を変革し、神の手から出た原初の美しさを再び人間の手で創り出した人工的な自然と調和した新しい建築のモチーフになるかもしれません。そして、彫刻や絵画も、新しい世界の中でモデルを見つけるでしょう。
 この時代においては、数少ないいくつかの大都市の一部の地区の風景しか、再生された美術の新しい未来を予見させることができないだろう。しかし、もしこの未来が実現するなら、必ずや熱狂的な進歩の世紀にそれが明らかになるだろう。待つことにしよう。そしてその間、外的なものの美を失ったことを慰めに、道徳的な世界を発見した、または少なくとも広げたという確信で自分たちを慰めよう。そこには、私たちにとってまだ広大な芸術的探検の場が残されている。
 私は人類の歩みを、人間の自然との闘いと物質的進歩の発展において解決した。これは必然的に知的進歩と道徳的進歩を指揮する。私は人間が自己の幸福のために外界を変え、その闘いの中で自己を変えるのを見た。かつて美しく自然に囲まれていた彼は、現代では、美ではなく有用性を目的として作られた外界において、醜くなってしまった。
 したがって私は結論づけます。美は永遠的で、本質的に変わりませんが、人類の異なる時代において、私たちに異なる様相で現れることがあります。それは、多様な地平線に満ちた広大な地域のようなものであり、旅人は順番に、青々としたクリアな場所、険しい峡谷、果てしない平原を発見します。今日、私は美を内面的で道徳的なものとして見ています。美的形式を定義した後、私は芸術の観点からアイデアを分類する必要がありましたが、その要素を持っています。そして私は言います。
 外部の対象についての考えは、特に有用性や真実性、産業や科学の観点から考えることができます。内面的な考えや感情、現象については、美的、芸術の観点から考えることが容易です。また、ある形式的芸術の没落や衰退、また別の芸術形式の永続性や変化についても説明することができます。
 絵画や彫刻など視覚に訴える芸術は、外界の物体と調和するか、それらのイメージを私たちに提示することで、その領域が日々狭まり、環境やモデルの不在に苦しんでいる。音楽は永遠の芸術である。芸術家は聴覚に訴える。感覚を作り出すために知性にほとんど独立した感情を引き起こし、その感情は傾向やニーズ、変化に気を取られる必要はない。
 人類の進歩の中での詩の役割は、説明が容易ではない。偉大な詩的時代には、詩は必然的に2つの異なる役割を果たします。詩人たちの中には、形式に夢中になり、物理的な美しさに関心を持つ描写的な詩人がおり、過去の世界の外部の輝かしい美しさからインスピレーションを得ます。一方、美の変化にあまり驚かない他の詩人たちは、勇敢に美が与える場所に従うことに決めます。感情や風俗を描く彼らは、最も偉大で永遠の芸術家です。
 特に私たちの時代や、私たちのような進歩的な世紀において、芸術の前にこれらの2つの道がより以前よりも開かれるべきであり、芸術の形式的な詩と道徳的な詩の区別が明らかになるべきであった。 最初の2つの家族の詩人は、特にロマンチックと呼ばれた人々でした。ロマン主義は、詩の形式と内容を革新しようとする野心を持っていましたが、これら2つの点で不完全な改革しか実現できませんでした。形式や区切りの問題は、ほとんど長く扱う価値がない子供っぽいものでした。形式の半分の改革がアイデアの見かけ上の革新に十分だったことを証明するだけで十分です。
 17世紀のクラシックが古代のデコレーションのすべての資源を自分たちの感情のために使い尽くしたため、ロマンチックたちは、文明が東洋のように止まった国や中世のように見かけの色彩を持つ世紀のデコレーションを使い尽くすこと以外に何もできなかった。砂漠の砂、北極の氷、モスクと封建的な城壁、ジンとウィリス、黒魔術師と魔女、ラクダとハクエナ、スルタンとライター、ヤタガンとトレドの短剣など、すべてが出てきました。しかし、これらの芸術家をからかうことは不適切ではないでしょうか?彼らは最初には確信していたので、後には自分自身をからかうために十分に洞察力があったからです。
 それに、彼らが美的形式の全領域を探り尽くしたことに対して、私たちは彼らに感謝する必要があります。その仕事が終わった今日、中世も古代も再現する必要はありません。芸術は黙るか、率直に道徳的美の領域に取り組む必要があります。そこには、私たちの先駆者のうちいくつかがすでに私たちに先立って進んでいるのです。
 不幸にも、人類の進歩への信仰は、苦い失望、消えた信念、苦しい考察の痛ましい結果にすぎず、彼らを慰め、励ますよりも動揺させ、恐れさせるものとなった。したがって、誠実で強い信仰が提供する基本的な公理を奪われた彼らは、人間の大きな自然な感情を社会の法律に対する自然の永続的な反乱にすぎないものとして見なし、その実質や緊急性を予想しなかった。そして、後者は、人間とその兄弟である他の人々との関係を、粗野で知的な優位性による弱さの恐ろしい搾取に集約しすぎた。こうして、真実から生まれた特徴的で陰気な作品が生まれ、若い信念を揺るがすよりもむしろ強めた:オーバーマン、レリア、ローラ、ゴリオ父。
 要約すると、彼ら全員に共通して不足していたのは、道徳的美に関する豊かな理論、すなわち哲学的言語で正確に表現される倫理観の深い感覚でした。人道主義的信念の示唆に基づいて、今日この理論を概説しようとする試みは、私たちの自負の証明でもなければ、これらの偉大な天才たちに対する尊敬の欠如でもないと思われるでしょう。彼らは自分たち自身の不確実性に苦しんでいたにもかかわらず、私たちに、彼ら自身や彼らの前任者たちのおかげで、今後私たちの後に来る人々が道を開けることができるようにしてくれました。
 全ての美の定義の多様性の奥底には、統一の中の多様性、動きの中の秩序といったものがあり、常に必要な調和の概念が支配的に現れています。私自身は美の一般的な定義を試みるつもりはありません。ただ、この必ず再現される調和の概念を取り出して、実際に感情の源であり、美の本質であると考えます。そして、どのような美徳や倫理観の優れた定義においても、この調和の概念が再現されていることが十分であると思います。従って、私は道徳は個人的な利益と一般的な利益の均衡と一致にすぎないと表現します。
 しかし、どのような場合に、性格や習慣がこの均衡を破ろうとするのでしょうか?人間の本能的な感情が一般的な利益を損なうことになり、道徳に挑戦することになる場合、どこで止め、沈黙させるべきでしょうか?社会を支配する様々な帰結を規定する、基本的で生産的な公式、人類を幸福に導く主権的な原則を予測しない限り、どうやってそれを推測できるのでしょうか?
 暴風雨の夜の暗闇の中で、迷い込んだ旅人が道を見失って絶望的に探していると、稲妻が光る。それだけで十分だ。急に照らされた地平線上の一点に向かって、旅人は道が蛇行するのを見た。彼は再び旅を始め、到着することが確実になった。私たちも、稲妻のように過ぎ去った革命の光の中で、古い世界の「マネ・テケル・パルシン」がすべての壁に刻まれては消え去った。それは私たちに十分だった。私たちは目的地を区別し、社会的平等に向かうために進むべき道を見出した。普通選挙の到来は、この壮大な目標に向けた最初の大きな一歩であり、私たちは偏見を揺さぶり、根絶するために使用する強力なレバーを手に入れたのである。
 しかし、人類はこの迷える旅人以上に、長くて悲しい不確実性を経験しています!1800年以上前から、人々には「あなたたちは兄弟です」と言われてきました。この神の言葉はすぐに変質しました。今日、私たちは流された血の川のおかげで、人々が兄弟であることに加え、彼らが皆必要とする社会の前では平等であることを付け加え、この偉大な言葉の不当な解釈に抗議することができます。社会はすべての人の結社であり、人々による人々の搾取ではありません。
 平等!無知と利己主義は、今日でもまだあなたを理解しようとしません!もし人間が罰する法の前で平等であるということが、彼らが犯した様々な罪の同じ刑罰をすべて受けることを意味するのでしょうか?そして、私たちが彼らが報酬の前でも平等であることを求めるとき、それは彼らが彼らの仕事や提供されたサービスに応じて社会的財産を均等に分配されるということを意味するのでしょうか?だから彼らが罰するように報いるべきであり、あらゆる人が社会的財産から、自分の功績に比例した適切なシェアを期待することができるようにしてください。
 国家元首は、人々の運命を上から見守り、他の人々、つまり人類の大家族との関係で彼らを指導する人々と、鉱山の深部で粘り強く鉱脈を掘り進める地味な鉱夫とは、同じように平等です。ここで得た財産が、彼らが提供するサービスの価値に比例する分配を受ける場合、どちらの者も同じ地位にいると言えます。彼らのどちらも、生まれるための努力をして、フォンテノワやヴァルミー、または何の高尚な理念にも奉仕しなかった人間よりも、神の創造物の中で最もばかげて役に立たないものになりたいと願っても、社会の負担をかけずに生きる権利を長く与えられることはありません。
 それが私たち、1848年の世代、昨日の市民が求め、見つけたものであり、それが私たちが全く誠実に信じるものである。
 私たちは、小さな偏見に未来を委ねることで臆病になる人や、利己的な思惑でその偏見を受け入れた人たちについて語らない。そうした人たちはまれであり、私たちはまだ悪意を持つには若すぎる。また、人々を利用する技術を教えてくれる人生の経験もまだない。
 しかし、私は、鋭い知性と誠実な心を持つ人々について話しています。彼らは自分たちに与えられた役割にふさわしい人間であることを決意したのです。彼らはこう言いました。「私たちはどの政党の伝統も受け入れません。政党の名前は私たちにとって忌まわしいものです。私たちは満たしたい欲望、味わいたい復讐、すべての政党の力と存在の理由を無視します。血なまぐさい戦い、兄弟同士の戦い、それらが勝利するために必要なものはすべて私たちを恐怖に陥れます。今後、どんな革命も、それにかかる犠牲と涙に見合うものを人々に与えることはできません。将来を見据える者は、科学と芸術によってその準備をすべきです。
 哲学が明らかにしようとした解決不可能な問題と、区別しましょう。私たちには神がいて、私たちの魂は不滅です。私たちの心がそれを十分に伝えていますが、理性は私たちにそれを証明することが常にできないでしょう。そして、私たちの新しい宗教の社会的原則として、人間の平等の原則であることを選びましょう。「社会は、役に立っている限り、すべての人に支援と保護を提供する義務があります。」
 それが社会の法則であり、倫理の基礎であり、頂点である。その法則を明らかにするために、何世紀もの進歩が必要でした。今日、私たちはそれを持っています。そして、芸術の法則や美の基準を取り出すことができます。必要に応じて、詩の永遠の傾向を研究することによって、私たちはこの法律がどれほど豊かであるかを証明することができます。それは、そう強く待ち望まれている法律です。
 実際には、古代人が内面世界や芸術から得られる利益を決して予想していなかったと言うことは、彼らの詩から得られる決定的な例や、彼らの劇場の完璧さによって、私が否定される可能性があります。そこでは、この世界が特に利用されていました。人間の最も切実な必要性の1つは、芸術家によって彼の道徳的能力の内面的現象の結果を翻訳してもらい、役者として永遠に役割を果たすドラマの展開を観客として見ることでした。
 私たちよりもはるかに豊富な道徳的現象に囲まれていないギリシャ人たちは、感情の観点から見て、美術の資源に満足して、劇場でわずかな数の大きな自然な感情の研究に限定されました。しかし、優れた芸術家として、彼らは情熱が衝突する必要がある一般的な法則の必要性を理解し、そこからドラマの展開と結末を導き出すことができる法則の必要性を理解し、"運命"という言葉でまとめられた法則を宣言しました。
 オイディプスは、父親と母親を愛する自然な感情を自らに擬人化している。オイディプスが父親を殺し、母親と結婚するのは、運命の力によるものである。そして、別の息子であるオレステスを母親を殺すように追い立てたのも、運命である。後にオレステスハムレットと呼ばれるようになる。しかし、すでに情熱を抑える社会的な原則の必要性が浮かび上がっている。運命は古い法律であり、自然な感情が従うことを望まなくなっている。ハムレットの子煩悩は反逆し、彼は自分の行動を規定する言葉を探り始めている。そして、彼の義務を描くのに役立つ、社会の法律を模索している。
 ハムレット以来、我々は十分に進んできた。問題は最終的に解決される必要があります。感情の世界は組織化されることを望んでいます。そして現代の観客は、あらゆる演劇作品に対して、少なくとも道徳的な法則の一面を示すことを熱望しています。
 私が今まで見た中で最も興奮し、美しい現代劇の一つでは、芸術家によって利用される感情は愛です。恋人は若く、誠実ですが、彼が愛する女性は家族の法律を蔑ろにして汚されました。それ故、二人にとって結婚は不可能であり、闘争が始まります。しかし、運命はここではデウス・エクス・マキナではありません。運命を代替する原理は、より単純で素朴ではない原理であり、まだ遅れているが、ドラマの結び目を締める原理であり、「世界の要求」という名前があります。この美しいドラマの作者には、私によると、一時的な約束に過ぎない社会の一部分である「世界」と一般的に見なすことを非難するだけです。このドラマにおいて、世界の法律は社会の理想的な法律と完全に一致しており、他の点ではその反対の効果を持っています。
 偶然性や神の介入を擬人化することもあるが、『運命』は、知的であるとは言えず、永遠の原理である。現代においても、この原理は、筋書きだけが持つ、無意味で無益な好奇心に訴える小説やドラマに、しばしば登場する。しかしながら、芸術に関わるドラマや小説においては、『運命』に代わる、もっと真剣で重要な法則を探求する必要がある。世間人たちは、それほど悪い人たちではない。しかしながら、しばしば、彼らの思考は健全な倫理に対して明らかな矛盾を抱えている。
 芸術家は、これらの考えを受け入れることから遠ざかり、自分の考えを押し付ける必要があります。彼らはそれらを道徳的にする必要があり、彼らの道徳的になることにインスピレーションを受けるのではなく、自分の道徳的にする必要があります。実際、私が書いている時代における演劇の低下の原因は、文学者たちの奴隷的な態度にあります。道徳的なアイデアが本質であり、美の法則である時代に、彼らは彼らの観客をもっともうまく取り入れることができるものをすべて借用し、人々の世界に適した道徳的アイデアを作り上げ、自分たちの利益、野心、利己心を正当化するためにそれを行います。
 芸術家たちよ、私たちはギリシャ人たちが持っていたような法律を持っています。それは一言で言えば「社会」です。では、作業に取りかかりましょう!私たちの信仰を尊重するために。激しい暴動も邪悪なのろいももうありません!ヴォートラン氏、もしあなたが本当に偉大な市民になる素質があるなら、私たちはあなたを活用します。しかし、あなたがただの演説家である殺人者で、陽気で陰鬱な牢獄囚人である場合、黙ってください!もう疑いや絶望はありません!不幸なヴェルテル、あなたの心を新しくなった社会のより純粋な原則に捧げなければなりません。偉大で悲しいレリア、あなたの必死の問いに今では答えを知っています。そして、立ち上がれ、ローラ!泣きながら地面を転がっているのは子供ではありません。あなたがあなたの神と呼んでいた偶像を破壊した古いヴォルテールを侮辱するのをやめてください。私たちには別の神がいます。それはキリストの栄光であり、より不死的でより若いものです。立ち上がりましょう!不純なトルケマダの偶像が隠れている血に汚れた聖域と悪い場所の間で、どちらを選ぶべきでしょうか?
 美の移動や、ある芸術形式の変容を研究した後、人道の進歩と関連付けた美学者として、哲学者ではなく、見られたように、批評家になるつもりはありません。終わりに、ルールを引くという、ありふれた落とし穴に陥ることも避けたいと思います。
 私はまず、芸術家の自由を尊重します。そして、芸術家であるためには、本能的にルールを理解し、良いルールには従い、不適切なルールには必然的に反発し、変更するための天賦の才能がなければならないと信じています。
 したがって、私たちは、芸術の人道的進歩を追い、小説や演劇において完璧な道徳的美の到来を祝福したことに満足し、芸術家がこれらの2つのジャンルのどちらかで傑作を創作するための分量を愚かにも公式化することを避けましょう。
 私に言葉が残されています。それは、貧しく努力する若者であり、芸術の未来に関心を抱くあなたに向けられています。あなたがオデオンのギャラリーの下を通り過ぎ、この小さな本を手に入れたとします。あなたは私の言葉を読んで判断するでしょう。そして、私がここで言ったことがあなたに失望を与えるかもしれません。しかし、私の才能が私の信念には到底及ばないことがあまりにも真実であるならば、私が私の自尊心の利益を私の信仰の利益に犠牲にしなければならなかったことを考えて、私を許してください。あなたを、私が先に友人、兄弟と呼んでいいだろう。あなたもまた試みてみてください。もしかしたらあなたの方が幸運かもしれません。あなたが成功を収めることで、私はあなたの道を確立した名誉に十分満足し、熱烈にあなたの成功を祝福します。
 しかし、信じてもらえるかわからないが、もしもあなたが芸術家であるなら、少なくとも時代のレベルには達しておくように努めなさい。観客を軽視しないでください。彼らが良くない絵を気に入って買うこともあるでしょう。説得力のある芸術家が少しましな絵を提供し続ければ、彼らはそれを悪いと感じ、見向きもしなくなるでしょう。彼らが市民であると言って非難するのでしょうか?しかし、これらの市民は古くなった芸術に感銘を受けることができないことを許してやるべきです。彼らが感動するには、与えられた教育をすべて経験し、そしてそれを習得するための余裕を持っている必要があります。しかしながら、彼らもまた人間であり、感受性を持っています。彼らが正当であり、芸術家が正しいのであれば、誰が間違っているのでしょうか?それは彼らが関心を持つことについて気にすることができない絵画なのです。あなたは、彼らが求める芸術家になってください。ただし、彼らを興味を持たせ、感動させるために、彼らの取り巻きではなく、彼らの教師になってください。
 まず、信仰深い人であれ。そして、独立して誠実かつ誇り高い人であれ。なぜなら、賢者が言ったように、「美しいものを判断するには美しくなければならない」とすれば、それは道徳的な世界に入り込む時、その栄光を輝かせ、その卑しさを非難する時である。全てを兼ね備えて、多分将来の世代は、あなたの名前を人道主義者として、また偉大な芸術家として讃えるだろう。

L. W.

1858年3月


Francis Sauveur 作成者: Léon Walras · 1858|Google ブックス